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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/125

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LETTRE

DE L'IMPÉRATRICE HÉLÈNE AU PAPE.

Le discours de la très juste, très sage, très clémente et vénérable impératrice Hélène, pour être présenté devant le trône du très saint Père, du très grand Seigneur, du docteur de l’Église universelle, et du vicaire de Jésus-Christ en Terre.


« Moi, Hélène, qui rougis de honte de demeurer dans le palais impérial, quoique je ne sois qu’une humble et petite fille de l’empire chinois ; moi qui n’ai jamais eu aucune connaissance des lois étrangères, et qui ne me suis étudiée qu’à bien garder celles de la retraite ; j’ai été assez heureuse pour trouver un homme appelle André Xavier de la compagnie de Jésus, qui est venu demeurer dans notre cour, pour y publier une sainte doctrine, qui lui a acquis une grande réputation : j’eus envie de le voir ; et ayant contenté ma curiosité j’appris par moi-même que tout ce qu’on disait de lui, était véritable, et que c’était un homme extraordinaire.

« L’estime que je conçus de son mérite, me fit aisément goûter sa doctrine. J’ai reçu le saint baptême de sa propre main ; et je suis cause en partie que l’impératrice Marie, mère de l’empereur, Anne, sa légitime femme, et Constantin, fils et héritier du même empereur, ont pareillement été régénérés dans les eaux du baptême il y a environ trois ans, après avoir été suffisamment instruits des saintes vérités de la religion.

« Maintenant que je voudrais, au risque même de ma vie, correspondre à toutes ces grâces que j’ai reçues du Ciel, j’ai eu souvent la pensée et le désir d’aller trouver Votre Sainteté, pour apprendre d’Elle-même ce que je dois faire : mais la distance des lieux m’en empêche. C’est pourquoi j’écris ces lettres à Votre Sainteté, afin que par ses saintes prières, Elle rende la divine Majesté favorable à de pauvres pécheresses, telles que nous sommes, et qu’Elle veuille bien nous accorder une rémission plénière de nos péchés à l’heure de notre mort. »