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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/135

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bannissement, il fut frappé d’un ulcère pestilentiel, dont il mourut misérablement.

C’est ainsi que Dieu préparait les voies au rétablissement de son culte dans l’empire de la Chine. L’empereur était devenu majeur ; et avec le fonds d’esprit, d’équité, de sagesse, et de raison qu’il avait, il était difficile qu’il ne s’aperçût pas des violences et des injustices qu’on avait fait aux missionnaires.

Un événement lui fit connaître ces hommes, qu’on avait voulu faire passer pour des rebelles. C’est une affaire importante à la Chine, que le calendrier qui s’y fait tous les ans : il se dresse par autorité publique, et l’empereur même s’en mêle. Depuis que le père Adam eut été dépouillé de sa charge de président du tribunal des mathématiques, il s’y était glissé une infinité de fautes par l’ignorance d’Yang quang sien, qui l’avait remplacé. L’empereur s’en plaignit hautement, et voulut qu’on travaillât à le réformer.

Comme ce jeune prince n’était plus sous la tutelle des ministres, dont on redoutait l’autorité, on ne risquait plus à lui donner de bons conseils : et il se trouva des gens assez équitables, pour lui représenter qu’on ne pouvait mieux faire, que de consulter les mathématiciens d’Europe, qui avaient été exilés pendant sa minorité ; et qu’il y en avait encore quelques-uns à Peking, dont l’habileté était connue.

Le prince les envoya chercher au même instant ; et dès cette première audience, qui fut très favorable, il leur donna à examiner le calendrier qui était dressé pour l’année suivante. Le père Verbiest l’emporta chez lui, et y trouva un nombre de fautes considérables, et quelques-unes si grossières, que l’ignorance d’Yang quang sien fut manifestement découverte.

Les diverses épreuves qu’on fit de la mathématique d’Europe, et la justesse des règles que suivit le père Verbiest, lui attira l’affection de l’empereur, qui augmenta toujours depuis, et fut poussée jusqu’à la familiarité. Le châtiment et la mort d’Yang quang sien, qui arrivèrent environ dans ce temps-là, firent vaquer la présidence du tribunal des mathématiques : elle fut donnée aussitôt au père Verbiest, qui profita de ces commencements de faveur, pour faire rétablir le libre exercice de la religion chrétienne. L’occasion s’en présenta naturellement.

L’empereur fit un édit, qui portait que tous ceux qui avaient souffert quelque vexation pendant sa minorité, n’avaient qu’à s’adresser à lui, et qu’il leur rendrait justice. Sur cela le père Verbiest lui présenta une requête, où il marquait que par une injustice criante, on avait abusé de son autorité, pour proscrire la loi du vrai Dieu, et bannir de l’empire ceux qui la prêchaient. Cette requête fut envoyée à un tribunal, qui la rejeta. Le père Verbiest demanda des juges plus favorables, et l’empereur, par une admirable condescendance, voulut bien les lui accorder.

La requête fut donc renvoyée à un autre tribunal, où en effet l’on prononça que la loi chrétienne avait été mal condamnée ; qu’elle était bonne, et qu’elle n’enseignait rien de contraire au bien et à la tranquillité de l’État. En conséquence de cette décision, on rétablit dans leurs emplois