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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/199

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soit solidement vertueuse : les femmes sont la plupart susceptibles d’une étrange jalousie. Ainsi si l’on a des enfants d’une femme de mérite, il ne convient pas de penser à une concubine.

Que si le mari ayant atteint sa quarantième année, se voyait sans enfants, alors il peut prendre une concubine ; les lois le lui permettent ; parce qu’elles regardent comme un grand malheur de ne point laisser après soi de postérité. Si la femme transportée de jalousie, se gendarme, et se met en fureur au seul nom de concubine, le mari informera les parents de la résolution qu’il a prise, et des raisons qu’il a eues de la prendre : et si leurs exhortations ne produisent rien sur l’esprit de la femme, et qu’elle continue de s’opposer aux vues de son mari, il aura recours au magistrat ; il citera sa femme à son tribunal, et là se fera le divorce dans les formes : car enfin il n’est pas obligé de ménager sa femme jusqu’au point de se rendre coupable à l’égard de ses ancêtres, en ne faisant pas ce qui dépend de lui, pour perpétuer leur postérité.





Du devoir des amis.


Quelque union qu’il y ait entre des amis, il est difficile qu’ils s’accordent toujours ensemble : un mot échappé au hasard à votre ami pourra vous déplaire, et blesser votre délicatesse. Quel parti devez-vous prendre ? Celui de dissimuler, et de laisser tomber cette bagatelle. Donnez-vous bien de garde de répondre durement, ou de faire confidence au premier venu de votre mécontentement : le cœur de votre ami ne manquerait pas de se refroidir, ou par une réponse désagréable, ou par le rapport indiscret dont on aurait soin de l’informer.

Tandis que les enfants sont renfermés dans le domestique, et avant qu’ils aient commerce au-dehors, ils ne connaissent que leur père, leur mère, et leurs frères : ensuite ils commencent à avoir des compagnons d’école, avec qui ils exercent leur esprit, et auxquels ils s’attachent. Lorsqu’ils ont atteint un certain âge, on les marie, et ils ont des rapports nécessaires avec les parents de leur femme : rien de plus aisé que d’en prendre les mœurs et les usages. Si les parents sont gens laborieux, appliqués, économes, un jeune homme se formera sur leurs exemples ; et au contraire s’ils donnent dans le faste, dans la bonne chère, et le plaisir, il les suivra bientôt dans leurs égarements.

Quand on est homme fait, ou l’on s’engage dans le commerce, et l’on s’unit à des associés ; ou l’on entre dans le maniement des affaires, et on se lie avec les officiers auxquels on a rapport. Les liaisons se forment encore avec ceux qui ont été admis ensemble au même grade, ou bien avec les lettrés qui demeurent dans la même ville. Ces liaisons produisent insensiblement, et sans qu’on s’en aperçoive, un grand changement