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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/207

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Trop méditer sur un dessein qu’on a formé, fait qu’on prend mal sa résolution. Trop vétiller sur une matière, empêche de s’attacher à ce qu’il y a d’essentiel. Trop de détours pour arriver plus vite au terme égarent, ou détournent du vrai chemin.

Un mouvement de colère, qui vient d’une humeur bouillante et impétueuse ne fut jamais permis. Que s’il a pour principe la raison et la justice, il ne doit pas être réprimé.

Celui qui s’attendra à recevoir un bienfait d’un autre, doit examiner s’il l’a déjà obligé en quelque occasion. Celui qui s’adresse au Ciel, pour en obtenir une grâce, doit considérer quelle est sa conduite : c’est en examinant le passé, qu’on peut deviner l’avenir.

Un homme qui n’a ni connaissance, ni liaison au dehors, s’épargne bien des chagrins.

Celui qui pratique sincèrement la vertu, et qui met en elle sa confiance, a un gage assuré d’un solide bonheur.

Tel qui veut montrer qu’il a l’esprit plus profond qu’un autre, laisse voir qu’il l’a beaucoup plus superficiel ; il prétend faire sentir la supériorité de son mérite sur celui des autres ; et par là même il prouve combien il leur est inférieur.

Si vous savez vous corriger de vos fautes, vous n’avez rien à craindre de la colère du Ciel. Si vous pouvez être content de votre condition, les esprits malfaisants n’ont pas le pouvoir de vous inquiéter.

Les montagnes engendrent les métaux ; et ce sont ces métaux qui ouvrent et déchirent leurs entrailles. L’arbre produit des vers dans son sein et ce sont ces vers qui le rongent. L’homme forme mille projets : et ce sont ces projets qui le dévorent.

Un homme intrigant et artificieux a quelquefois du succès, mais les plus fâcheux contretemps ne lui manquent pas : au lieu qu’un homme franc et sincère, qui parle sans déguisement, qui agit avec droiture, et qui vit sans ambition, ne fait pas à la vérité une grande fortune : mais aussi il n’a point à craindre de grandes disgrâces.

Étouffer une passion, lorsque nous sentons qu’elle nous transporte ; réprimer un mouvement de colère, lorsqu’il est prêt de nous entraîner ; c’est le fruit qu’on retire de la vraie sagesse.

Je ne voudrais pas qu’on sût ce que je veux dire ; ne le disons donc pas : je serais fâché qu’on sût ce que j’ai résolu de faire ; ne le faisons donc pas.

N’entretenez pas de vos succès un homme qui vient d’éprouver une disgrâce. Recevez le bonheur quand il vient : mais conservez-en le souvenir, afin qu’il serve à adoucir une disgrâce qui lui succédera

Si l’on désire sincèrement de faire du progrès dans la vertu, il faut s’appliquer d’abord à la recherche de ses défauts.

Les lois de la civilité et de la bienséance doivent nous régler, mais non pas nous embarrasser : si elles nous conduisent, nous ferons peu de fautes ; si elles nous gênent, et nous mettent à une espèce de torture,