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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/206

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car c’est ce qu’il y a de plus noble en nous : si ce cœur se tourne à la vertu, les sens, les paroles, les actions, tout sera dans l’ordre : on sera généralement estimé ; on jouira d’un vrai bonheur, qui passera même aux descendants : avantage inestimable de la vertu !

Le vice a des effets tout à fait contraires, et pour l’homme vicieux et pour sa postérité : combien d’exemples anciens et nouveaux prouvent ce que je dis ! On voit par là, que le Ciel rend aux hommes la récompense ou le châtiment qu’ils méritent. Ainsi regardons comme un point essentiel le soin de perfectionner notre cœur, qui est le fonds de notre nature que nous tenons du Ciel.

Les instructions et la vigilance d’un père et d’un frère aîné, sont d’un grand secours à un jeune homme, pour le faire entrer, ou le maintenir dans le bon chemin : mais il est bien à craindre que la malignité du siècle ne le corrompe.





Du soin de perfectionner son extérieur.


Saluer civilement une personne, dire un mot d’honnêteté, céder le pas, faire proprement une révérence ; tout cela à la vérité n’est qu’un devoir de politesse ; mais dans le commerce du monde, c’est par ces marques extérieures qu’on témoigne l’estime, ou le mépris qu’on fait des personnes. Les jeunes gens doivent de bonne heure être instruits de ces usages, et les observer exactement.

Ce serait se tromper grossièrement que de dire : je néglige ces dehors, et je m’attache au solide. Celui qui dans son domestique et dans sa conduite particulière, est maître de ses passions, et réglé dans son extérieur, saura se comporter sagement dans une conjoncture délicate. Celui qui mesure la dépense à ses revenus, selon les lois que le bon sens et l’équité prescrivent, peut être regardé comme un homme riche à millions : sa maison subsistera longtemps.

Quand on est obligé de recevoir un présent, il faut penser à l’obligation qu’on contracte d’user de retour ; et faire voir en même temps qu’on ne craint point la nécessité où l’on se met, d’être ensuite reconnaissant.

S’il arrive que quelqu’un ne fasse pas cas de moi : il se peut faire, me dirai-je, que je n’ai rien qui mérite son estime ; si j’étais une pierre ou une perle précieuse, et qu’il me regardât comme de la boue, je me contenterais de le traiter de mauvais connaisseur, sans m’amuser à entrer avec lui en dispute ; mais si effectivement, au lieu d’être un diamant, je ne suis qu’une pierre ordinaire ; pourquoi voudrais-je passer pour plus que je ne suis ? Le sage dans ces forces de jugements que l’on porte de son mérite, s’examine et se rend justice.