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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/274

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Ami fidèle.


Ou ting kia, entre autres belles qualités, avait celle d’être bon ami. Il en donna des preuves pendant sa vie. J’en rapporte une. Lo ki, avec lequel il avait lié amitié depuis quelque temps, tomba malade dans un voyage assez éloigné de sa maison. Ou ting kia qui en eut avis, partit sur-le-champ pour l’aller voir. Quand il arriva, tous les gens de Lo ki étaient déjà morts d’une dysenterie contagieuse, et Lo ki était attaqué de la même maladie. Ou ting kia, sans s’effrayer du danger, servit son ami, comme s’il eût été son domestique, faisant ses bouillons, accommodant son lit, le portant entre ses bras, enfin lui rendant les services les plus bas, jusqu’à se lever dix ou douze fois chaque nuit pour le soulager, sans jamais donner le moindre signe d’impatience ou de lassitude. Aussi Lo ki étant rétabli, avait accoutumé de dire : Avant l’âge de 40 ans, je devais la vie à mes parents ; le reste des années que j’ai vécu, c’est à mon ami Ou que je les dois.


Maximes de morale.


Celui qui fait du bien à des gens hors d’état d’user de retour, amasse un trésor de vertu, qui pour être caché, n’en est pas moins riche : c’est un bon héritage pour ses enfants.

Quiconque, au contraire, par sa dureté ou son injustice, s’attire les malédictions d’autrui, quand son autorité serait capable de les empêcher d’éclater, son crime, pour être moins connu, n’en est pas moins réel ; ce que je dis, est vrai de tout le monde, mais il semble qu’il l’est encore plus de ceux qui ont l’honneur d’être en charge.


Calomnie soufferte en silence par principe de charité.


Lou pang, ayant eu d’abord le gouvernement de Tchang té, il remplit si dignement ce poste qu’on le fit passer à Vou tchang, ville plus considérable. Il passa par Yo tcheou qui était sur sa route, où il venait de se perdre quelques pièces de bois considérables, qu’une tempête y avait poussées. Le gouverneur du lieu ne sachant pas que ce bois appartenait à l’empereur, l’avait recueilli, et en avait fait présent à Fang tchoui, grand officier qui venait de passer par cette ville. Celui qui avait l’intendance de ces bois, sut que Lou pang avait passé par Yo tcheou, à peu près dans le temps que ces pièces de bois s’étaient perdues : il l’accusa de les avoir recueillies : à quoi Lou ne répondit rien. Son silence fut pris pour un aveu. Comme il ne s’agissait de rien moins que d’être destitué de son emploi, bien des gens qui savaient ce qu’était devenu ce bois, s’offraient à servir de témoins pour sa décharge, et le pressaient d’éclaircir l’affaire. Si j’éclaircis cette affaire, répondit-il, voilà deux ou trois honnêtes gens convaincus de la faute qu’on m’impute ; il ne m’en coûte, pour les sauver,