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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/275

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que de me taire et perdre ma charge. J’aime mieux souffrir cette perte que de leur nuire.


Exactitude à réparer le tort fait à autrui.


Tchao kouei avait à Yuen tcheou la charge de fournir les chevaux de poste. Il aimait à monter à cheval, et souvent il était en chemin pendant la nuit. Il arriva un soir que se laissant conduire à son cheval, il passa au travers d’un champ de riz, et y fit quelque dommage ; lorsqu’il y eût fait attention, il mit pied à terre, attacha son cheval, et attendit qu’il fût jour pour voir le tort qu’il avait causé, et dédommager aussitôt le maître du champ.


Fidélité à rendre une chose trouvée, récompensée par le recouvrement d’un fils perdu.


Un honnête homme de Mi yun avait un fils unique, qu’il aimait fort. Cet enfant s’étant un jour écarté tant soit peu de la maison, fut enlevé, et son père eût beau faire des recherches, il n’en pût jamais rien apprendre. A quelque temps de là des marchands faisant voyage pendant les chaleurs, s’arrêtèrent pour se reposer à la porte de cet homme, où il y avait un ombrage épais. L’un d’eux oublia de reprendre en partant un sac de toile jaune, qu’il avait attaché derrière une porte, pour être moins exposé, car tout son argent y était renfermé. Quelque temps après, le maître du logis aperçut ce sac, et ne doutant point qu’il n’appartînt à quelqu’un de ces voyageurs qui s’étaient reposés là, il le recueillit soigneusement, attendant qu’on vînt le redemander.

En effet un homme arriva bientôt tout essoufflé, qui criant et se lamentant, vint dire qu’il avait oublié derrière une porte un sac où était tout son argent. Si vous l’avez, ajouta-t-il au maître du logis, je partagerai volontiers avec vous la somme qui est dedans. Le maître ayant pris les précautions nécessaires, pour s’assurer qu’en effet cet homme était celui à qui appartenait le sac, le lui rendit sans vouloir rien accepter. Marquez-moi du moins, dit l’autre, après bien des actions de grâces, en quoi je pourrai vous faire quelque plaisir. Le maître du logis fut du temps sans répondre. Enfin, pressé tout de nouveau : J’avais un fils, dit-il, qui s’est perdu ; je suis vieux, et n’ai guère d’espérance d’en avoir d’autre ; si vous, qui allez de côté et d’autre, trouvez quelque jeune enfant dont on veuille se défaire, vous m’obligerez de me le procurer. Sur cela ils se quittèrent.

Le marchand, quelques mois après, trouva un homme sur sa route qui cherchait à vendre un enfant, qu’il conduisait par la main. Ravi d’avoir de quoi faire plaisir à son bienfaiteur, il l’acheta et le mit sur un cheval à demi chargé. Aussitôt qu’il fut arrivé à la porte où il avait autrefois oublié son sac et son argent, il mit d’abord cet enfant à terre. Pendant qu’il attachait ses chevaux, l’enfant entra de lui-même dans la maison