Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais deux principaux obstacles s’opposent au progrès qu’ils auraient pu faire dans ces sortes de sciences ; c’est 1° qu’il n’y a rien ni au-dedans, ni au-dehors de l’empire, qui pique et entretienne l’émulation ; c’est en second lieu, que ceux qui pourraient s’y distinguer, n’ont point de récompense à attendre.

La grande et la seule voie qui conduit aux richesses, aux honneurs, et aux emplois, c’est l’étude des King, de l’histoire, des lois, et de la morale ; c’est d’apprendre à faire ce qu’ils appellent le Ouen tchang, c’est-à-dire, à écrire poliment, en termes choisis et propres du sujet qu’on traite. En tenant cette route on parvient à être docteur. Dès là qu’on a obtenu ce grade, on est dans un honneur et un crédit que les commodités de la vie suivent de près, parce qu’alors on est sûr d’avoir bientôt un gouvernement. Ceux même qui en attendant ce poste, retournent dans leurs provinces, y sont fort considérés du mandarin du lieu ; ils mettent leur famille à couvert de toute vexation, et ils y jouissent de plusieurs privilèges.

Mais comme il n’y a rien de semblable à espérer pour ceux qui s’appliqueraient aux sciences spéculatives, et que cette étude n’est pas la route qui conduise aux honneurs et à la fortune, il n’est pas surprenant que ces sortes de sciences plus abstraites, soient négligées des Chinois.





De la logique des Chinois.


La logique, où l’on a si fort raffiné en Europe, est chez les Chinois dénuée de tous préceptes. Ils n’ont inventé nulle de ces règles qui perfectionnent le raisonnement, et qui apprennent à définir, à diviser, et à tirer des conséquences ; ils ne suivent que la lumière naturelle de la raison. C’est par elle seule, et sans aucun secours de l’art, qu’ils comparent ensemble plusieurs idées, et qu’ils tirent des conséquences assez justes.





De leur rhétorique.


Leur rhétorique est de même toute naturelle. Ils connaissent peu de règles propres à orner et à embellir un discours. Ils en ont cependant, mais l’imitation leur tient presque toujours lieu de préceptes. Ils se contentent de lire des pièces d’éloquence, d’y remarquer les traits les plus capables de frapper les esprits, et de faire l’impression qu’ils souhaitent : et c’est sur ces modèles qu’ils se forment dans la composition de leurs discours.