Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le P. Grimaldi donna un autre spectacle des merveilles de l’optique dans le jardin des jésuites de Peking, qui étonna fort tous les Grands de l’empire. Il fit sur les quatre murailles quatre figures humaines, chacune de la longueur de la muraille qui était de cinquante pieds. Comme il avait parfaitement gardé les règles de l’optique, on n’y voyait de front que des montagnes, des forêts, des chasses, et autres choses de cette nature. Mais d’un certain point on y apercevait la figure d’un homme bien fait et bien proportionné.

L’empereur honora la maison des jésuites de sa présence, et considéra ces figures fort longtemps et avec admiration. Les Grands et les principaux mandarins qui y venaient en foule, étaient dans la même surprise. Mais ce qui les frappait davantage, c’était de voir des figures si régulières et si exactes sur des murailles très irrégulières et entrecoupées de plusieurs portes et de fenêtres.

Il serait trop long de rapporter toutes les figures tracées confusément, et que l’on voyait distinctement d’un certain point, ou que l’on redressait avec des miroirs coniques, cylindriques, pyramidaux, et tant d’autres prodiges de l’optique que le père Grimaldi présentait aux plus beaux esprits de la Chine, et qui attiraient également leur surprise et leur admiration.

En matière de catoptrique, on présenta à l’empereur toutes sortes de verres et de lunettes pour le ciel, pour la terre, pour les grandes distances, pour les petites, pour grossir, diminuer, multiplier, réunir les objets.

Entre autres choses on lui donna premièrement un tube fait en prisme à huit faces, qui étant mis parallèle à l’horizon, représentait sur ses huit faces huit scènes différentes, et si vives, qu’on les eût pris pour les objets mêmes ; ce qui étant joint à la variété de la peinture, arrêta longtemps les yeux de l’empereur.

Secondement, on lui présenta un autre tube, où se trouvait un verre polygone, qui par ses différentes faces ramassait en une seule image, plusieurs parties de différents objets ; en sorte qu’au lieu d’un paysage, des bois, des troupeaux, et de cent autres choses représentées par le tableau, on voyait distinctement un visage humain, un homme entier, et quelque autre figure fort exacte.

Troisièmement, on lui fit voir un tube qui renfermait une lampe allumée, dont la lumière sortait par un petit trou d’un tuyau, au bout duquel était un verre de lunette. En y coulant successivement plusieurs petits verres peints de diverses figures, ces mêmes figures se représentaient sur la muraille opposée, d’une petitesse ou d’une grandeur prodigieuse, selon que la muraille était proche ou éloignée. Ce spectacle pendant la nuit ou dans un lieu fort obscur, causait autant de frayeur à ceux qui ignoraient l’artifice, qu’il faisait de plaisir à ceux qui en étaient instruits. C’est aussi ce qui lui a fait donner le nom de Lanterne magique.

On n’oublia pas la perspective. Le P. Bruglio donna à l’empereur trois tableaux, où les règles en étaient parfaitement gardées. Il en exposa trois