Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

copies dans le jardin des jésuites de Peking. Les mandarins, qui de toutes les parties de l’empire se rendaient dans cette grande ville, venaient les voir par curiosité, et en étaient également frappés. Ils ne pouvaient concevoir comment sur une toile fort unie on pouvait représenter des salles, des galeries, des portiques, des chemins, et des allées à perte de vue, et tout cela si naturellement, que du premier coup d’œil on y était trompé.

La statique eut son tour. On offrit à l’empereur une machine, qui n’avait pour principales pièces que trois roues dentées, et une main de fer. Avec cette machine un enfant élevait sans peine plusieurs milliers de livres, et tenait lui seul contre vingt hommes des plus robustes.

Par rapport à l’hydrostatique, on fit faire pour l’empereur des pompes, des canaux, des siphons, des roues, et plusieurs autres machines propres à élever l’eau au-dessus de sa source, et entr’autres une machine qu’on employa à enlever l’eau d’une rivière appelée les dix mille sources et à la faire décharger dans des terres du domaine de Sa Majesté, ainsi qu’elle l’avait souhaité.

Le P. Grimaldi fit aussi présent à l’empereur d’une machine hydraulique, dont l’invention était assez nouvelle. On y voyait un jet d’eau continuel, une horloge fort juste, les mouvements des cieux, et un réveil matin également justes.

Les machines pneumatiques ne piquèrent pas moins la curiosité de l’empereur. On fit faire d’un bois léger un chariot à quatre roues de la longueur de deux pieds. Au milieu l’on mit un vase d’airain plein de braise, et au-dessus un éolipile, dont le vent donnait par un petit canal dans une petite roue à ailes, semblables à celles des moulins à vent. Cette petite roue en faisait tourner une seconde avec un essieu, et par leur moyen faisait marcher le chariot deux heures entières. De peur que le terrain ne lui manquât, on le faisait marcher en rond en cette manière.

A l’essieu des deux dernières roues, on attacha un timon, et à l’extrémité de ce timon un second essieu qui allait percer le centre d’une autre roue un peu plus grande que celles du chariot, et selon que cette roue était plus ou moins éloignée du chariot, elle décrivait un plus grand ou un plus petit cercle.

On appliqua aussi ce principe de mouvement à un petit navire porté sur quatre roues. L’éolipile était caché au milieu du navire : et le vent sortant par deux autres petits canaux, enflait ses petites voiles, et le faisait tourner en rond fort longtemps. L’artifice en était caché, et l’on entendait seulement un bruit semblable à celui du vent, ou à celui que l’eau fait autour d’un vaisseau.

J’ai déjà parlé d’une orgue qui avait été présentée à l’empereur. Comme elle était très petite et défectueuse en beaucoup de choses, le P. Pereira en fit faire une plus grande, qu’il plaça dans l’église des jésuites de Peking.

La nouveauté et l’harmonie de cet instrument, charma les Chinois. Mais ce qui les étonna davantage, c’est que cette orgue jouait d’elle-même