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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/367

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et les autres ont tout fait tourner autour du soleil. Ceux-ci sont en petit nombre ; et même dans les calculs rapportés, on ne voit point de vestiges de ce système : ce n’est que dans les écrits de quelques particuliers.

Je ne suis point encore assez au fait, ajoute le Père Gaubil, de la méthode que suivaient les Chinois pour calculer les éclipses. Mais je sais qu’ils exprimaient en nombre la qualité des éclipses, les termes écliptiques, la visibilité, etc. Ces nombres sont écrits plus de cent ans avant Jésus-Christ. On a de ce temps-là des résultats assez bons d’éclipses, mais ces nombres sont obscurs, et peu de Chinois aujourd’hui sont au fait là dessus.

Le Père Kegler, président du tribunal des mathématiques, a une vieille carte chinoise d’étoiles, faite bien longtemps avant que les jésuites missent le pied à la Chine. Les Chinois y ont marqué le lieu des étoiles qu’on ne voit qu’avec des lunettes, et elles sont marquées assez juste dans l’endroit où on les voit avec les lunettes, ayant égard au mouvement propre des étoiles.

Depuis la dynastie des Han, qui régnaient avant Jésus-Christ, on voit des traités d’astronomie ; et par la lecture de ces livres, on juge que les Chinois ont assez bien connu depuis plus de deux mille ans la quantité de l’année solaire de trois cent soixante-cinq jours à près de six heures ; qu’ils ont connu de même le mouvement diurne du soleil et de la lune ; qu’ils ont su observer les hauteurs méridiennes du soleil par l’ombre des gnomons ; et qu’ils calculaient passablement ces ombres pour en déduire la hauteur du pôle et la déclinaison du soleil ; qu’ils ont su assez bien l’ascension droite des étoiles, et le temps où elles passaient par le méridien ; comment les mêmes étoiles dans la même année se lèvent ou se couchent avec le soleil ; et comment elles passent au méridien, tantôt au lever et tantôt au coucher du soleil ; qu’ils ont donné des noms aux étoiles ; et qu’ils ont partagé le ciel en constellations différentes ; qu’ils y rapportaient le lieu des planètes ; qu’ils distinguaient les étoiles, et qu’ils avaient des signes pour les distinguer. Enfin, conclut le Père Gaubil, la lecture de l’histoire chinoise démontre qu’on a toujours eu à la Chine la connaissance de beaucoup des choses d’astronomie.

Il y a plus de quatre mille ans, si l’on en croit leur histoire, qu’ils ont établi une espèce de cycle solaire, ou de révolution, pour la supputation de leurs annales, comme les Grecs avaient leurs Olympiades. Ce cycle est de soixante ans, et il est parmi eux comme une espèce de siècle pour l’ordre de leur histoire.

Le Père Nicolas Trigault, qui entra à la Chine en l’année 1619 et qui lut plus de cent volumes de leurs annales, assure que les observations célestes des Chinois ont commencé peu de temps après le déluge, et qu’ils ont fait ces observations, non pas selon les heures et les minutes, comme nous faisons, mais par des degrés entiers ; qu’ils ont observé grand nombre d’éclipses avec l’heure, le jour, le mois, et l’année en laquelle elles sont arrivées, mais non pas avec la durée ni avec la quantité de