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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/371

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voulait, aussi bien qu’un troisième qui servait de vertical, selon qu’on le voulait tourner. Leurs degrés étaient distingués par de petits boutons, afin qu’on les pût compter, et même observer pendant l’obscurité.

Les usages de ces instruments et de chacune de leurs parties, étaient marqués en caractères chinois avec les noms de leurs constellations, qui sont au nombre de vingt-huit, comme je le dirai dans la suite, et qui répondent à nos douze lignes. Ils semblent avoir été faits pour l’élévation de trente-six degrés.

Il y avait à Peking des instruments tout à fait semblables, et qui étaient apparemment sortis de la même main. Ils étaient placés dans un observatoire peu considérable par sa situation, par sa figure, et par le bâtiment. Quand on était entré dans une cour d’une médiocre situation, on voyait un petit corps de logis servant de logement à ceux auxquels on avait confié la garde de l’observatoire. A droite en entrant, on montait par un escalier fort étroit sur une tour carrée, semblable à celles dont on fortifiait autrefois les murailles des villes. Elle était attachée en dedans aux murs de Peking, et élevée seulement au-dessus du rempart de dix à douze pieds. C’était sur la plate-forme de cette tour que les astronomes chinois avaient placé leurs machines, lesquelles en occupaient tout l’espace.

Le Père Verbiest les ayant jugées inutiles pour les observations astronomiques, persuada à l’empereur de les faire retirer, pour en placer d’autres de sa façon. Les machines sont encore dans une salle qui joint la tour, ensevelies dans la poussière et dans l’oubli. « Nous ne les vîmes, dit le Père le Comte, qu’au travers d’une fenêtre grillée. Elles nous parurent fort grandes et bien fondues, d’une forme approchante de nos anneaux astronomiques. C’est tout ce que nous pûmes découvrir. On avait néanmoins jeté dans une cour écartée un globe céleste de bronze de trois pieds ou environ de diamètre. Nous le vîmes de plus près. La figure était un peu ovale ; les divisions peu exactes, et tout l’ouvrage assez grossier.

« On a pratiqué tout auprès un gnomon dans une salle basse (continue le père le Comte). La fente par où passe le rayon du soleil, élevée environ de huit pieds, est horizontale et formée de deux portions de cuivre soutenues en l’air, qui peuvent en tournant s’approcher ou s’éloigner l’une de l’autre, pour agrandir ou rétrécir l’ouverture.

« Plus bas est une table garnie de bronze, dans le milieu, et sur la longueur de laquelle on a tracé une ligne méridienne de quinze pieds, divisée par des lignes transversales, qui ne sont ni finies ni fort exactes. Tout autour de la table on a creusé de petits canaux pour recevoir l’eau qui sert à la mettre de niveau. C’est en matière d’ouvrage chinois ce que j’ai vu de moins mauvais, et qui pourrait être de quelque usage entre les mains d’un bon observateur. »

Dans la ville de Teng fong, ville du troisième ordre de la province de Ho nan, que les Chinois ont cru être le milieu du monde, parce qu’elle est au milieu de leur empire, on voit encore une tour, du haut de laquelle on assure que Tcheou kong, le plus habile mathématicien qu’aient eu les