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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/372

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Chinois plus de 1.200 ans avant la naissance de Ptolémée, faisait ses observations, passant les nuits entières à considérer le lever, les mouvements, et les figures des constellations.

Il se servait pour ses observations d’une grande table de bronze couchée horizontalement, sur laquelle s’élevait une longue plate bande du même métal en forme de style, l’une et l’autre distinguées par degrés, pour observer les projections de l’ombre quelques jours avant le solstice, et quelques jours après, afin d’en remarquer le point précis, et la rétrogradation du soleil, qui était la seule époque de leurs observations, ainsi que je l’ai remarqué.

L’attachement et l’application qu’ont toujours eu les Chinois aux observations célestes, leur a fait ériger un tribunal d’astronomie, qui est un des plus considérables de l’empire, et qui dépend du tribunal des rits, auquel il est subordonné.

De quarante-cinq en quarante-cinq jours ce tribunal est obligé de présenter à l’empereur une figure céleste où soit marquée la disposition du ciel, et les changements qui doivent se faire dans l’air selon les variations des saisons, avec les prédirions des maladies, sécheresses, disette de vivres, et les jours auxquels il y aura vent, pluie, grêle, tonnerre, neige et autres choses semblables, à peu près comme nos astrologues les marquent dans les almanachs.

Outre ces observations, le principal soin de ce tribunal est de calculer les éclipses, et d’avertir l’empereur par une requête, du jour, de l’heure, et de la partie du ciel auxquels l’éclipse arrivera, combien elle durera, et de combien de doigts elle sera.

Ce compte doit se rendre à l’empereur quelques mois avant que l’éclipse arrive : et comme la Chine est divisée en quinze provinces fort étendues, il faut calculer ces éclipses suivant la longitude et la latitude de chaque première ville de toutes ces provinces, et en envoyer le type par tout l’empire, parce qu’il faut rendre raison de tout à une nation très curieuse, et également attentive à ces phénomènes.

Le tribunal des rits et les colao gardent ces observations et ces prédictions, et ont le soin de les envoyer dans toutes les provinces et toutes les villes de l’empire, pour y être observées à la manière de Peking, où est la cour. Voici les cérémonies qui s’y observent.

Quelques jours avant que l’éclipse doit arriver, le tribunal des rits fait afficher en gros caractères dans un lieu public, le jour, l’heure, et la minute à laquelle commencera l’éclipse, en quel lieu du ciel elle se verra, combien elle durera, quand l’astre commencera à s’obscurcir, combien de temps il sera obscurci, et quand il sortira de l’obscurité.

Il fait aussi avertir les mandarins de tous les ordres, afin qu’ils se trouvent selon la coutume avec les habits et les marques de leur dignité dans la cour du tribunal de l’astronomie, pour attendre le moment auquel l’éclipse doit commencer. Ils ont tous de grandes tables où l’éclipse est figurée, et ils s’occupent à considérer ces tables, et à raisonner ensemble sur les éclipses.