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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/375

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ans ils ont des intercalaires pour ajuster les lunaisons avec le cours du soleil. Ils divisent, comme nous, les semaines selon l’ordre des planètes, à chacune desquelles ils assignent quatre constellations, une par jour, tellement qu’après les vingt-huit qui se succèdent de sept en sept, ils retournent à la première.

Leur jour commence, comme le nôtre, à minuit, et s’étend jusqu’à un autre minuit ; mais ils ne le divisent qu’en douze heures égales, dont chacune fait deux des nôtres. Ils ne les comptent pas, comme nous, par des nombres, mais par des noms et des figures particulières.

Ils divisent encore le jour naturel en cent parties, et chacune de ces parties en cent minutes : en sorte que son étendue est de dix mille minutes qu’ils observent d’autant plus exactement, qu’ils sont pour la plupart dans cette persuasion ridicule, qu’en tous ces temps il y a des moments heureux ou malheureux, selon la position du ciel et les divers aspects des planètes. Selon eux l’heure de minuit est heureuse, parce que, disent-ils, c’est l’heure à laquelle le monde fut créé. Ils croient de même qu’à la seconde, la terre fut produite, et l’homme formé à la troisième.

Cette sorte de charlatans qui ne cherchent qu’à tromper par le secours de l’astrologie judiciaire, et qui prédisent les évènements par la situation des planètes, et par leurs différents aspects, ne laissent pas de s’accréditer auprès des esprits faibles et superstitieux. Ils font la distinction des heures qui sont propres à chaque chose, à peu près comme le calendrier de nos bergers, où l’on marque par des figures quand il faut se faire saigner, prendre médecine, tondre les brebis, couper les cheveux, faire voyage, couper les bois, semer, planter, etc. Ils marquent les temps propres à demander des grâces à l’empereur, à honorer les morts, à faire des sacrifices, à se marier, à entreprendre des voyages, à bâtir des maisons, à inviter ses amis, et tout ce qui peut regarder les affaires publiques et particulières : ce que plusieurs observent si scrupuleusement, qu’ils n’oseraient rien faire contre l’ordre du calendrier, qu’ils consultent comme leur oracle.

Voici à peu près la manière dont ils dressent leurs pronostics. Ils prennent dix caractères qu’ils attribuent à l’année, et dont chacun signifie un des cinq éléments ; car ils en reconnaissent tout autant, ainsi que je le dis ailleurs. Ils les combinent en soixante diverses manières avec les noms des douze heures du jour. Puis ils considèrent les vingt-huit constellations, qui ont chacune une planète dominante : et sur les propriétés de l’élément, de la constellation, et de la planète mêlés ensemble, ils forment leurs conjectures sur le bon ou mauvais succès des évènements. Ils ont des volumes entiers de ces bagatelles.

Quand on voulut charger les missionnaires du calendrier, ils s’en excusèrent. L’empereur parut surpris : — Hé quoi ! leur dit-il, vous m’avez dit souvent que c’était la charité envers le prochain qui vous avait conduit à la Chine : ce que je vous demande est très important au bien public ; quelle raison pouvez-vous avoir de ne pas accepter ce travail ? Les Pères