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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/376

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répondirent qu’ils craignaient qu’on ne leur attribuât les superstitions ridicules qui s’ajoutent au calendrier. Ce n’est pas là ce que je souhaite, répliqua l’empereur ; cela ne vous regardera point, et je n’ajoute pas plus de foi que vous à ces imaginations ridicules. Ce que je vous demande, c’est ce qui concerne le calendrier, et qui n’a de rapport qu’à l’astronomie.

Alors les Pères se rendirent aux volontés de l’empereur ; mais ils firent une déclaration publique, par laquelle ils protestèrent que non seulement ils n’avaient nulle part à ces folies, mais qu’ils les condamnaient absolument, le succès des actions des hommes ne dépendant nullement de l’influence des astres, mais de la sagesse avec laquelle ils se conduisent. Le feu empereur Cang hi, qui avait trop d’esprit et de sens pour donner dans de semblables extravagances, comme il l’avait témoigné lui-même, approuva fort qu’ils s’expliquassent de la sorte.

Ce calendrier dont je viens de parler, doit se donner à l’empereur pour l’année suivante, le premier jour du second mois de l’année. Quand l’empereur l’a vu et approuvé, les petits officiers du tribunal appliquent sur chaque jour les superstitions dont j’ai parlé plus haut. Dans la suite, par ordre de l’empereur, on le distribue aux princes, aux seigneurs, aux grands officiers de Peking, et on l’envoie dans chaque province au vice-roi, qui le remet au trésorier-général de la même province. Celui-ci le fait imprimer, le distribue à tous les gouverneurs particuliers, et conserve les planches dans son tribunal.

A la tête de ce calendrier imprimé en forme de livre, est en couleur rouge le grand sceau du tribunal de l’astronomie, avec l’édit de l’empereur, qui défend sous peine de la vie, d’en suivre ou d’en publier un autre.

La distribution de ce calendrier se fait tous les ans avec beaucoup de cérémonie. Ce jour-là tous les mandarins de la ville de Peking se rendent de grand matin au palais. D’un autre côté les mandarins du tribunal astronomique avec les habits de leur dignité, et les marques de leurs offices, conformes à leurs degrés, se rendent au lieu ordinaire de leurs assemblées pour accompagner les calendriers.

Sur une grande machine dorée qui s’élève en carré en divers étages, et se termine en pyramide, on place les calendriers qui doivent être présentés à l’empereur, à l’impératrice, et aux reines. Ils sont en grand papier, couverts de satin jaune, qui est la couleur de l’empereur, et enveloppés proprement dans des sacs de drap d’or. Cette machine est portée par quarante valets de pied vêtus de jaune.

On porte ensuite dix ou douze autres machines plus petites, dorées et fermées de courtines rouges, sur lesquelles on met les calendriers qui doivent être présentés aux princes du sang. Ils sont reliés de satin rouge, et dans des sacs tissus de soie et d’argent.

Suivent immédiatement après plusieurs tables couvertes de tapis rouges, sur lesquelles sont placés les calendriers des Grands, des généraux d’armée, et des autres officiers de la couronne, tous scellés du