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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/387

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rayon. Cette portion de cercle est divisée de dix en dix secondes. Le plomb qui marque sa situation verticale, pèse une livre et pend du centre par le moyen d’un fil de cuivre très délicat. L’alidade en est mobile, et coule aisément sur le limbe. Un dragon replié et entouré de nuages, va de toutes parts saisir les bandes de l’instrument, de peur qu’elles ne sortent de leur plan commun. Tout le corps du quart de cercle est en l’air, traversé par le centre d’un arbre immobile, autour duquel il tourne vers les parties du ciel qu’on veut observer ; et parce que sa pesanteur pourrait causer quelque trémoussement, ou le faire sortir de sa situation verticale, deux arbres s’élèvent par les côtés, affermis en bas de deux dragons, et liés à l’arbre du milieu par des nuages qui semblent descendre de l’air. Tout l’ouvrage est solide et bien entendu.

La cinquième machine est un sextant, dont le rayon est de huit pieds. Cette figure représente la sixième partie d’un grand cercle porté sur un arbre, dont la base forme une espèce de large bassin vidé, qui est affermi par des dragons, et traversé dans le milieu d’une colonne de bronze, sur l’extrémité de laquelle on a engagé une machine propre à faciliter par ses roues le mouvement de l’instrument. C’est sur cette machine que porte par son milieu une petite poutre de cuivre, qui représente un des rayons du sextant, et qui le tient immobilement attaché. Sa partie supérieure est terminée par un gros cylindre ; c’est le centre autour duquel tourne l’alidade ; l’inférieure s’étend environ d’une coudée au-delà du limbe, pour donner prise au moufle qui sert à l’élever ou à l’abaisser, selon l’usage qu’on en veut faire. Ces grandes et lourdes machines sont ordinairement difficiles à mouvoir, et servent plutôt d’ornements sur les plate-formes des observatoires, que d’instruments pour les observateurs.

Enfin la sixième machine est un globe céleste de six pieds de diamètre. Voici, à mon sens, ce qu’il y a de plus beau et de mieux exécuté parmi les instruments dont je parle. Le corps du globe est de fonte, très rond, et parfaitement uni, les étoiles bien formées et placées selon leur disposition naturelle, et tous les cercles d’une largeur et d’une épaisseur proportionnée. Au reste il est si bien suspendu, que la moindre impression le détermine au mouvement circulaire, et qu’un enfant le peut mettre à toutes sortes d’élévations, quoiqu’il pèse plus de deux mille livres. Une large base d’airain, formée en cercle, et vidée en canal dans tout son contour, porte sur quatre points également distants, quatre dragons informes, dont la chevelure hérissée soutient en l’air un horizon magnifique par sa largeur, par la multitude de ses ornements, et par la délicatesse de l’ouvrage. Le méridien qui soutient l’axe du globe, est appuyé sur des nuages qui sortent du centre de la base, entre lesquels il coule par le moyen de quelques roues cachées ; de sorte qu’il emporte avec lui tout le ciel, pour lui donner l’élévation qu’il demande. Outre cela l’horizon, les dragons, et les poutres de bronze, qui se croisent dans le centre du bassin, se meuvent comme on veut, sans faire changer de situation à la base, qui demeure toujours immobile :