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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/391

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A la vérité il y en a quelquefois qui obtiennent du gouverneur par des présents l’honneur d’être citées dans ces annales ; mais il faut toujours qu’elles aient eu réellement un mérite connu. Pour éviter les inconvénients qui auraient pu s’introduire, les mandarins de chaque ville s’assemblent environ tous les quarante ans, pour voir et examiner ces livres, dont ils retranchent tout ce qu’ils jugent à propos.

On rapporte encore dans cette histoire les évènements extraordinaires, les prodiges qui arrivent, les monstres qui naissent en certains temps : ce qui arriva, par exemple, à Fou tcheou, où une femme accoucha d’un serpent qui la tétait. De même ce qui se vit à King te ching, où une truie mit bas un petit éléphant avec sa trompe bien formée, quoiqu’il n’y ait point d’éléphant dans le pays. Ces faits se rapportent dans les annales de ces deux villes, et ainsi des autres, où l’on trouve ce qui est nécessaire pour écrire une histoire sûre et exacte.

Les auteurs chinois ne s’appliquent pas seulement à écrire l’Histoire universelle de leur empire ; en suivant leur génie, ils ont encore le talent de composer différentes petites histoires, propres à amuser d’une manière agréable et utile.

Ces histoires sont à peu près semblables à nos romans, qui ont été si fort à la mode dans ces derniers siècles, avec cette différence néanmoins, que nos romans ne sont la plupart que des aventures galantes, ou des fictions ingénieuses, propres à divertir les lecteurs ; mais lesquelles, au même temps qu’elles divertissent par l’enchaînement des passions ménagées avec art, deviennent très dangereuses, surtout entre les mains de la jeunesse ; au lieu que les petites histoires chinoises sont d’ordinaire très instructives, qu’elles renferment des maximes très propres à réformer les mœurs, et qu’elles portent presque toujours à la pratique de quelque vertu.

Ces histoires sont souvent entremêlées de quatre ou cinq vers pour égayer la narration, je vais en rapporter ici trois ou quatre, qui ont été traduites du chinois par le Père Dentrecolles : la lecture qu’on en fera, donnera bien mieux à connaître le goût des Chinois pour ces sortes d’ouvrages, que tout ce que je pourrais dire.