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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/450

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la Maison de Tchao : elle est la quatre-vingt-cinquième de ce recueil, et se trouve au commencement du trente-cinquième volume.

Les Chinois, dit le père de Prémare, ne distinguent point comme nous, entre tragédies et comédies. On a intitulé celle-ci tragédie, parce qu’elle a paru assez tragique ; ces sortes d’ouvrages ne diffèrent des petits romans chinois, qu’en ce qu’on y introduit des personnages qui se parlent sur un théâtre, au lieu que dans un roman, c’est un auteur qui raconte leurs discours et leurs aventures.

Dans les livres imprimés on ne met que rarement le nom du personnage qui parle dans la pièce ; ce personnage, comme on verra, commence toujours par s’annoncer lui-même aux spectateurs, et par leur apprendre son nom, et le rôle qu’il joue dans la pièce.

Une troupe de comédiens est composée de huit ou neuf acteurs, qui ont chacun leurs caractères et leur rôles affectés, à peu près comme dans les troupes de comédiens italiens, et dans celles des farceurs qui courent les provinces.

Le même comédien sert souvent à représenter plusieurs rôles différents ; car comme les Chinois mettent tout en action et en dialogues, cela multiplierait trop le nombre des acteurs. Dans la tragédie suivante, il n’y a que cinq acteurs, quoiqu’il y ait au moins dix ou douze personnages qui parlent, en comptant les gardes et les soldats.

Il est vrai que l’acteur, comme je l’ai déjà dit, commence toujours à s’annoncer en entrant sur le théâtre ; mais le spectateur qui voit le même visage à deux personnages très différents, doit éprouver quelque embarras ; un masque remédierait à cet inconvénient, mais les masques ne servent guère que dans les ballets, et ne se donnent qu’aux scélérats et aux chefs de voleurs.

Les tragédies chinoises sont entremêlées de chansons dans lesquelles on interrompt assez souvent le chant, pour réciter une ou deux phrases du ton de la déclamation ordinaire ; nous sommes choqués de ce qu’un acteur au milieu d’un dialogue se met tout d’un coup à chanter ; mais on doit faire attention que, parmi les Chinois, le chant est fait pour exprimer quelque grand mouvement de l’âme, comme la joie, la douleur, la colère, le désespoir ; par exemple, un homme qui est indigné contre un scélérat, chante ; un autre qui s’anime à la vengeance, chante ; un autre qui est prêt de se donner la mort, chante.

Il y a des pièces dont les chansons sont difficiles à entendre, surtout