Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/581

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

composition des remèdes, est le commencement de l’année. Et c’est depuis le commencement du règne des Han, que cette coutume s’est établie. La raison pourquoi la plupart des racines médecinales se cueillent dans la seconde et huitième lune, c’est qu’au commencement du printemps la sève montant en grande abondance, est dans sa force ; et ne faisant alors que commencer à faire bourgeonner les plantes, elle ne s’est pas encore distribuée ni consumée, comme elle fait ensuite, dans la production des branches et des feuilles. Quant au temps de l’automne, les feuilles et les branches venant à se dessécher, alors le suc ou la sève coulant en bas, retourne vers son origine.

Au reste, si on cueille ces racines au printemps, il faut ordinairement le faire le matin : et si c’est en automne, il faut que ce soit le soir, pour la même raison.

Pour ce qui est du temps auquel il faut cueillir les fleurs, les fruits, les feuilles, et les tiges ou troncs des plantes, il n’en faut point observer d’autre que celui de leur parfaite maturité.

Sing sseë miao dit : que les anciens médecins, suivant cet endroit du texte de Chin nong, qui regarde la manière de cueillir, de préparer, et de sécher les drogues et les choses médecinales, et les employant selon la méthode prescrite, de dix malades qu’ils traitaient, ils en guérissaient huit ou neuf.

Mais les médecins d’à présent, ignorant le temps de cueillir et de ramasser les drogues, aussi bien que la nature du terroir où elles croissent, et ne sachant si elles sont vieilles ou nouvelles, pleines de suc ou vides, de dix malades, auxquels ils donnent des remèdes, ils n’en sauraient mettre la moitié sur pied.

Ma tchi dit : Il y a beaucoup de gens qui abusent de cette pratique de faire sécher à l’ombre une partie des choses médecinales : car, par exemple, si on prend des cornes tendres de cerf, qui ne font que de pousser, et qu’on les fasse sécher à l’ombre, elles se pourrissent ; et si on les fait sécher au feu, on réussit.

Au reste, les racines des arbres et des herbes qui auront été cueillies avant la neuvième lune, doivent être séchées au soleil : et celles qui auront été cueillies après ce temps-là, doivent être séchées à l’ombre.

Li ché tchin dit : Comme les mêmes plantes sont différentes entre elles à cause de la diversité du terroir ou des climats du nord et du Sud ; et de la diversité des temps, ou Tsé ki, suivant lesquels elles croissent, et par rapport à leurs racines et à leurs tiges : aussi le temps et la manière de les cueillir, et de les préparer, doivent être différents : ce qui est conforme au sentiment de Cong tchi yo, qu’il cite en cet endroit.

À ce sujet on rapporte un proverbe qui est en vogue dans le marché Kia mou, dont le sens est assez véritable, savoir, que ceux qui achètent les drogues et les remèdes, doivent avoir deux yeux ; qu’un suffit à ceux qui les mettent en usage ; c’est-à-dire, aux médecins ; et qu’aucun n’est nécessaire à ceux qui les prennent de la main du médecin.