Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/583

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

juste tempérament. Les pilules servent à chasser les vents et le froid étranger hors du corps, à lever les obstructions, et à porter le suc alimentaire dans toutes les parties du corps.

Les remèdes donnés en poudre, chassent hors du corps la malignité des vents, du froid, du chaud, et de l’humidité, et désopilent les viscères, rendent le ventre libre, sont amis de l’estomac.

Dans les maladies où il faut purger, si l’on néglige de le faire, cette négligence cause plénitude du ventre et des intestins, et gonflement vers la région du cœur.

Dans celles où il faut employer les sudorifiques, si on ne fait pas suer le malade, tous les pores de la peau se bouchent, le malade devient chagrin, le mouvement des esprits est interrompu, et le malade meurt.

Quand il faut user de vomitifs, et qu’on néglige de le faire, cette négligence fait enfler la région de la poitrine, rend la respiration difficile, empêche les aliments de pénétrer dans toutes les parties du corps, et cause à la fin la mort.

Cao dit : Les remèdes en potion ou breuvages, sont pour guérir les grandes maladies. Les remèdes en poudre, sont pour guérir les maladies soudaines. Les pilules, sont pour guérir les maladies lentes, et qui sont longtemps à se former.

Les remèdes préparés par la mastication étaient anciennement en vogue, c’est-à-dire, avant qu’on eût trouvé la manière de fabriquer des instruments de fer pour les hacher et les inciser. Alors on mâchait avec les dents les espèces dont on voulait user : on en exprimait le suc, et on le donnait au malade. Cette sorte de préparation était pour faciliter le mouvement des humeurs de bas en haut, et pour les distribuer plus aisément dans tous les vaisseaux.

Toutes les fois qu’on veut guérir une grande maladie, il faut faire bouillir les espèces qu’on y veut employer, dans le vin, pour en chasser l’humidité : il faut y ajouter du gingembre vert, pour rétablir ce qu’il peut y avoir[1] d’esprits dissipés ; plus, de grosses jujubes, pour dissiper les vents et le froid ; plus, du blanc d’oignon, pour dissiper les phlegmes de la poitrine.

Quand on veut que les remèdes ne pénètrent pas jusqu’aux vaisseaux, mais qu’ils dissipent seulement les amas d’humeurs qui peuvent être dans l’estomac, dans les viscères, et autres endroits des entrailles, il faut les réduire en poudre fine, et les délayer avec le miel. Quand ils sont d’une nature et saveur un peu grossière, les remèdes en poudre se délaient seulement avec l’eau chaude : mais quand ils sont d’une nature et saveur plus fine, il faut les faire bouillir et les donner au malade avec le sédiment.

Pour dissiper ou évacuer les phlegmes de la pituite du bas-ventre, on emploie les pilules ; mais il faut qu’elles soient grosses, rondes, et polies : elles doivent être de médiocre grosseur pour le haut-ventre ; et très petites pour la poitrine.

  1. La chaleur naturelle.