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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/625

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la graine de thé ; réduisez-les en poudre, et soufflez-les dans les narines. Ce remède a un bon effet.



DE L’ÉLÉPHANT



Chi tchin dit : On trouve des éléphants dans les royaumes de Tong king et de la Cochinchine, dans les provinces de Quang si et d’Yun nan. On voit des troupeaux d’éléphants sauvages dans les pays occidentaux. Leurs rois les montent, après les avoir fait harnacher magnifiquement.

Il y en a de deux couleurs ; savoir de gris cendré, et de blancs : leur corps est lourd et massif : ils sont extrêmement laids ; ils ont des yeux de cochon, leurs quatre pieds ressemblent à autant de colonnes : quand ils dorment, ils plient les jambes de devant, les appuyant à terre : ils ne peuvent baisser la tête, ni tourner le col : ils ont les oreilles retirées en arrière, et serrées.

Leur trompe est aussi longue que les jambes de devant, et descend jusqu’à terre. Elle est creuse et profonde ; elle peut s’ouvrir et se fermer : il y a de petites caroncules en forme de pinces, qui ramassent à terre les moindres choses, une aiguille, par exemple, et un grain de moutarde. Ils se servent de cette trompe pour boire, et pour manger, en la repliant, et la portant à la bouche.

Toute la force de cet animal est réunie dans sa trompe : s’il est blessé dans cette partie, il faut qu’il meure. Derrière l’oreille il a un trou couvert d’une peau, qui n’est pas plus épaisse que la peau d’un tambour. Sa mort est pareillement certaine, si on le pique en cet endroit.

Des deux coins de sa bouche, il sort deux grandes dents entre lesquelles sa trompe est placée : le mâle a ces dents de six à sept pieds de longueur : elles n’ont guère plus d’un pied dans la femelle. Il mange de l’herbe, des pois, des cannes de sucre, et boit du vin. Il craint la fumée, le feu, le lion, et une espèce de serpent nommé pa.

Les peuples méridionaux tuent les éléphants : ils se servent de fosses et de machines pour les y faire tomber, ou bien ils enterrent sur leur chemin une espèce de piège, nommé chaussure d’éléphant, qui les saisit par les pieds. Si l’on veut les prendre vifs, on se sert de femelles, pour les attirer dans le piège qu’on leur dresse.

Quand durant quelque temps on a nourri et apprivoisé l’éléphant, il devient docile, et obéit à son conducteur, qui le gouverne avec un croc de fer, par le moyen duquel il le fait avancer ou reculer, tourner à droite ou à gauche, et cet animal ne manque à rien de ce qu’on lui ordonne.