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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/677

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ville de Hoai king, ce qui lui a fait donner le nom de hoai king ti hoang. Ses racines, quand elles sont sèches, sont grosses comme le pouce, et beaucoup plus longues.

Cette racine a d’excellentes propriétés : on lui en attribue beaucoup en Europe, et encore plus à la Chine. Un médecin chinois, qui est chrétien, assure que les gens riches, attentifs à leur santé, prennent tous les matins des pilules de ti hoang, de même qu’en Europe on en voit plusieurs qui prennent du café, ou du chocolat.

Les uns coupent cette racine en petites rouelles, pour la prendre en décoction, ou cuite au bain-marie. D’autres la pilent, la mettent en bol, et l’avalent avec de l’eau chaude. Le plus souvent on y ajoute cinq sortes d’ingrédients, qui sont des aromates, des cordiaux, des diurétiques, de légers sudorifiques, et de petits acides, pour relever et étendre à plus de viscères la vertu du ti hoang, qui domine toujours dans ces pilules.

Parmi ces ingrédients, le fou lin tient le premier rang : il ne faut pas confondre cette racine avec le tou fou lin, qui est la racine d’esquine ou China. Le tou fou lin est très commun à la Chine, et se donne presque pour rien, au lieu que le fou lin y est très estimé, et se vend très cher.

Le goût de la racine fou lin est doux, ses qualités sont tempérées, et elle n’a rien de malfaisant, ni qui ait besoin de correctif. C’est un bon remède pour les incommodités du foie et de la poitrine, pour l’hydropisie, et l’asthme : ce qu’elle a de chaud de sa nature, sert à dissoudre les phlegmes qui embarrassent la bouche, et le gosier, et à dissiper les flatuosités qui se trouvent dans l’estomac, et dans les côtés.

De plus, elle calme les douleurs du cœur, et les troubles violents qui s’élèvent dans l'âme par un excès de tristesse ou de crainte : elle soulage la grande sécheresse de la bouche et de la langue : elle a la double vertu de remédier au flux immodéré, et à la rétention d’urine : elle arrête les vomissements déréglés, et les convulsions des enfants, et en fortifiant les reins, elle dispose les femmes enceintes à d’heureuses couches. On avertit de ne point user de vinaigre, ni de mets acides, tout le temps qu’on prend ce remède.

On demandera peut-être quel est l’arbrisseau qui naît de la racine fou lin, de quelle figure sont ses feuilles, ses fleurs et son fruit. L’Herbier chinois qui ne manque pas d’entrer dans ce détail, en parlant des plantes, ne donne au fou lin ni tige, ni feuilles, ni fleurs ; c’est ce qui fait conjecturer qu’il doit être mis au rang des truffes.

Le bon fou lin se trouve dans la province de Chen si : on en a trouvé dans la suite du meilleur dans la province d’Yun nan, et l’on n’emploie que celui-là à la cour, où il se vend un taël la livre. Un marchand, dit le P. Dentrecolles, m’a apporté une de ces racines, longue d’un pied, peu grosse à proportion, et de la largeur de l’ouverture de la main, qui pesait trois livres. Je crois que l’écorce rougeâtre, qui couvre la substance blanche, en augmente considérablement le poids.

Le fou lin croît aussi dans la province de Tche kiang, et l’on en fait usage