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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/676

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masse du sang des aiguillons, propres à embarrasser le chyle, et capables de l’aigrir.

Il est donc important de redoubler ses soins, pour entretenir la chaleur naturelle et les esprits vitaux. C’est pourquoi pendant ce temps-là ne sortez de votre maison que dans une grande nécessité : tenez-vous y chaudement, ne vous levez pas de si grand matin, pour ne pas essuyer le premier froid des gelées blanches : couvrez-vous d’habits propres à vous échauffer, sans néanmoins vous charger de fourrures trop chaudes, ni vous tenir continuellement auprès du feu, ce qui causerait au dedans une fermentation véhémente, et capable de donner la fièvre. Surtout ceignez-vous les reins d’une double ceinture, large de quatre à cinq pouces : la chaleur qui se conserve aux reins, échauffe le reste du corps.


IX.

Dans les voyages, si vous les faites en barque, comme il n’est pas aisé d’avoir dès le matin du riz préparé, fournissez-vous d’avance de pilules de ti hoang, et aussitôt après votre réveil, avalez le poids de trois ou quatre drachmes de ces pilules, dans une tasse d’eau chaude[1]. Au défaut des pilules, vous pouvez prendre du seul ti hoang.

Si voyageant par terre, vous traversez des montagnes embrasées des ardeurs du soleil, quelque soif que vous ayez, gardez-vous de boire de l’eau des sources, ou des ruisseaux, sur lesquels le soleil darde ses rayons : outre qu’elle a alors des qualités malfaisantes, elle est souvent chargée des semences d’une infinité d’insectes.

Si c’est dans le fort de l’hiver que vous voyagez, et que la rigueur du froid vous ait gelé les pieds, à votre arrivée dans la maison, faites-vous apporter de l’eau un peu tiède, et bassinez-en vos pieds avec la main, en les frottant doucement pour les ramollir, et pour rappeler aux veines et aux artères la chaleur naturelle. Après cette première opération, vous ne risquez rien de vous les laver avec l’eau la plus chaude. Si négligeant cette précaution, vous plongiez tout d’un coup les pieds dans de l’eau bouillante, le sang glacé se figerait ; les nerfs et les artères en seraient blessés, et vous courriez risque d’être impotent le reste de vos jours. De même, quand on revient de dehors, pénétré et transi de froid, il n’est pas à propos de boire d’abord des liqueurs chaudes ; il faut qu’une demie heure de repos précède la boisson.


Remarques.

Le ti hoang dont on vient de parler, n’est autre chose que la racine de la grande consoude : la bonne se trouve dans la province de Ho nan, vers la

  1. On a donné à ces pilules le nom de ti hoang, parce que le ti hoang domine sur cinq petits ingrédients dont elles sont composées.