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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/176

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BERCEAU D’ÉVÊQUES

des amis l’avaient engagé à ne pas craindre de faire un nouvel appel à sa générosité. Et alors, avec cet accent ému qui lui était propre et qui allait au cœur, il ajouta : « Ah ! mes frères, si Dieu vous inspire de faire quelque chose pour nos missions, donnez de bon cœur : vous ne sauriez croire combien il m’en coûte de venir encore une fois vous tendre la main. » Il fit cet appel dans des termes bien plus touchants que je ne puis le rapporter. Tous les assistants étaient saisis par l’émotion ; tous donnèrent abondamment.


La « Vie de Mgr Taché » a été écrite, en deux vastes volumes (1 546 pages en tout), par Dom Benoît. Rien n’y est omis. On s’y reportera. On y verra comment l’évêque de Saint-Boniface érigea, développa et soutint sa grande église de l’Ouest, contre tous les orages suscités par le fanatisme sectaire et la perfidie politique ; comment sa sensibilité et sa perspicacité de pasteur l’armèrent d’une implacable énergie d’action, de parole et de plume, contre les loups ravisseurs ; comment, en dépit des entraves, il créa les diocèses, les vicariats apostoliques, et multiplia les paroisses, les couvents, les collèges, les hôpitaux ; comment, patriote ardent, il ouvrit à l’immigration Canadienne française l’immensité de l’Ouest ; comment, lors du transfert des Pays d’en Haut à la Puissance du Canada, il devint, à la prière du gouvernement canadien, le pacificateur des troubles de 1869-1870, parmi les Métis légitimement soulevés contre les spoliateurs ; comment, à cette occasion, « sa merveilleuse habileté, sa sagesse consommée et son heureuse influence » sauvegardèrent la race française et catholique, et épargnèrent au Canada les horreurs de la guerre civile ; comment, à cette époque encore, « la stabilité même des gouvernements semblait dépendre du poids de sa parole » ; comment il travailla, le calme rétabli, à l’organisation de l’Université du Manitoba et du système scolaire, qui fut, grâce à lui, « aussi parfait qu’on pouvait le désirer en un pays neutre », et qui fonctionna de 1870 à 1890 ; comment ensuite il se dressa dans toute la force de sa vieillesse, lorsqu’une loi scolaire injuste et traîtresse, qu’on n’a pas encore rapportée, « vint détruire, en un jour, l’œuvre de cinquante ans » ; comment enfin la mort le frappa, en plein champ de bataille, lui aussi, au lendemain du jour, où il avait écrit les plaidoyers les plus vigoureux