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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/413

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AUX GLACES POLAIRES
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Tandis que le Père Petitot, son compagnon de 1864 à 1878, courait au loin, de la mer Glaciale au Grand Lac de l’Ours, et que le Père Ducot préparait ses voyages au fort Norman, le Père Séguin, petit à petit, patiemment, avec l’esprit de prudence et la charité indulgente qui le caractérisaient, formait à la vie chrétienne les Peaux-de-Lièvres.

De quel bourbier eut-il à les soulever d’abord ? Il l’écrivit à Mgr Faraud, qui le lui demandait, en 1866 :


Petits Peaux-de-Lièvres


J’ignore si un jour de salut luira pour notre peuple. Le fait est qu’il se commet à notre porte des actes de barbarie qui font frémir. Je viens de donner la vie éternelle à un enfant que sa mère avait jeté dans l’ordure, aussitôt après sa naissance, afin de s’en débarrasser…

Les pères emploient ici un affreux remède pour se conserver la vie ; je vais vous le faire connaître… C’est en mangeant leurs enfants. Il vient de m’arriver un vieillard, qui s’est nourri ce matin encore d’un morceau de chair humaine, le dernier qui lui restait du corps de ses deux enfants. Il se rendait à ce fort, en compagnie de plusieurs sauvages : il leur a laissé prendre les devants, a dressé sa tente, et a massacré son fils et sa fille, et il