Aller au contenu

Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vouloir pas perdre l’esprit : ce devoit être l’ouvrage de l’amour.

Ce jeune Prince n’avoit jamais goûté de vrais plaisirs, parce que ses desirs avoient toujours été prévenus, ses fantaisies ne tenoient qu’à la nouveauté des objets, & la vivacité les use si vîte. Il étoit tombé dans une langueur, d’où le caprice le retiroit par intervales, pour l’y replonger de nouveau. L’amour dont Zirphile lui avoit fait sentir les premiers traits se réveilla dès que l’yvresse des sens fut dissipée, & que la vanité ne fut plus nourrie. Il sentit un vuide dans son cœur que l’amour seul pouvoit remplir. Le malheur de ceux qui ont aimé est de ne rien trouver qui remplace l’amour.

Acajou fit part de sa situation à Ninette, & la pria de lui faire revoir Zirphile, puis-