Aller au contenu

Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’aussi bien il perdroit l’esprit s’il en étoit plus long-tems privé. La Fée prit alors sa béquille, & conduisit Acajou dans un Jardin dont elle seule avoit connoissance. Ce lieu étoit garni d’arbres chargés des plus beaux fruits du monde, qui tous avoient une vertu particuliere.

Les uns faisoient perdre l’esprit du jeu, si funeste ; les autres l’esprit de contradiction, si incommode dans la société ; ceux-ci l’esprit de domination, si insupportable ; ceux-là l’esprit des affaires, si utile à ceux qui le possedent, & si assommant pour les autres ; plusieurs enfin, l’esprit satyrique, si amusant & si détesté ; son opposé plus dangereux encore, l’esprit de complaisance & de flatterie. On ne voit point de ces excellens fruits dans nos désserts. C’est bien dommage que ce Jardin délicieux ne soit pas ouvert à