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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/21

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Il fut décidé, que Podagrambo & Harpagine ne pourroient jamais se marier, à moins qu’ils ne se fissent aimer : cet arrêt sembloit condamner l’un & l’autre au célibat ; ou s’ils pouvoient devenir aimables, il falloit qu’ils changeassent de caractére : & c’étoit tout ce qu’on desiroit.

Ils chercherent aussi-tôt dans leur Colombat quelle maison ils honoreroient de leur choix ; mais, comme il falloit qu’ils se fissent aimer, ils comprirent qu’ils n’y réussiroient jamais, sans un artifice singulier. Quelqu’aveugle que soit l’amour propre, on connoît bient-tôt ses défauts, quand l’intérêt s’en mêle.

Harpagine, plus inventive que le Génie, lui tint à-peu-près ce discours : « Mon dessein est de prendre des enfans si jeunes,