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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/27

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goût, & de rendre l’esprit faux ; l’autre renfermoit des dragées de présomption & d’opiniâtreté : celui qui en mangeroit devoit toujours juger faux, raisonner de travers, soutenir son sentiment avec opiniâtreté, & donner dans tous les ridicules : de sorte que la maligne Fée avoit tout lieu d’espérer que si le Prince en mangeoit, il sentiroit pour elle une passion d’autant plus forte, qu’elle seroit plus extravagante. Elle vint aussi-tôt présenter les bonbons à l’enfant ; mais comme elle l’engageoit par ses caresses à en manger, elle voulut prendre un air riant, qui lui fit faire une si affreuse grimace, que l’enfant en eut peur, & lui rejeta les boules au nez. Un homme de ceux qu’on appelle raisonnables, auroit été plus aisé à séduire ; mais la nature éclairée donne à ceux qu’elle n’a pas encore livrés à la raison un instinct plus sûr,