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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/30

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prit se trouvoit trop resserré dans un aussi petit corps ; toujours pensante, & toujours en action, sa pénétration l’emportoit souvent au-delà des objets, & l’empêchoit de les discerner plus exactement que ceux qui n’y pouvoient atteindre. Sa vûe perçante & sa démarche vive étoient l’image des qualités de son esprit. Pour remédier à cet excès de vivacité que les sots s’efforcent d’imiter, & qu’ils appellent étourderie, pour se consoler de n’y pas réussir, le conseil des Fées avoit fait présent à Ninette d’une paire de lunettes & d’une béquille enchantées. La vertu des lunettes étoit en affoiblissant la vûe, de tempérer la vivacité de l’esprit par la relation de l’ame & du corps. Voilà la première invention des lunettes ; on les a depuis employées pour un usage tout opposé : & c’est ainsi qu’on abuse de tout. Ce qui prouve cependant