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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/47

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Ces deux amans, car ils le furent dans ce moment, s’entendirent réciproquement. La langue du cœur est universelle ; il ne faut que de la sensibilité pour l’entendre, & pour la parler. L’amour porte dans l’instant un trait de flamme dans leurs cœurs, & un rayon de lumiere dans leur esprit. Les jeunes amans, après s’être entendus, cherchent à se voir pour s’entendre mieux. La curiosité est le fruit des premieres connoissances. Ils avancent ; ils se cherchent ; ils écartent les branches ; ils se voyent. Dieux ! Quels transports ! Il faut leur âge, la vivacité de leurs desirs, le tumulte de leurs idées, le feu qui anime leurs sens, peut-être même leur ignorance, pour comprendre leur situation. Ils restent quelque tems immobiles ; ils sont saisis d’un tremblement que la nouveauté du plaisir porte dans des sens neufs. Ils se touchent ; ils gardent le silence ; ils lais-