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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/46

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auprès de la palissade qui séparoit les deux jardins, ils se sentoient attirés par une force inconnue, ils se trouvoient arrêtés par un charme secret : chacun refléchissoit en particulier sur le plaisir qu’il goûtoit dans ce lieu, le plus négligé du parc : ils y revenoient tous les jours ; la nuit avoit peine à les en arracher.

Un jour que le Prince étoit plongé dans ses réflexions auprès de cette palissade, il laissa échapper un soupir : la jeune Princesse qui étoit de l’autre côté dans le même état, l’entendit ; elle en fut émue, elle recueille toute son attention, elle écoute. Acajou soupire encore. Zirphile qui n’avoit jamais rien compris à ce qu’on lui avoit dit, entendit ce soupir avec une pénétration admirable ; elle répondit aussi-tôt par un pareil soupir.