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Page:Dujardin - Les Lauriers sont coupés, 1887, RI.djvu/61

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sens elle ; mollement je serre les molles hanches très soyeuses de sa poitrine.

— « Dodo, mademoiselle. »

Et elle, très bas, yeux clos toujours, et d’un léger souffle, très bas :

— « Oui. »

La très pauvre, très charmante, très tendre, elle se laisse en l’enlacement de mes bras ; elle repose contre moi son cher corps ; elle est étendue, en sa robe, d’où frêlement monte sa tête ; et voilà cette poitrine, ces seins, voilà ces bras, ronds et s’atténuant, et, fluettes, les mains ; voilà ce cou, blanc dans le noir du corsage, et dans le blanc du cou les fins épars cheveux dorés ; la mince taille, et les larges hanches, en l’étreinte des noirs satins ; là le bout mignon de son pied ; et lentement le corsage se soulève, de son haleine, en longues régulières exhaussions, en gonflements ; du corsage les boutons tremblottent ; faiblement sur la gorge ondoie le flot de dentelles noires ; un reflet plus brillant, des bougies, se meut sur le sein gauche ; et la féminine vie marche et marche en cet incessant mouvement les deux mamelles adorables ; son corps, tout immobile, a comme des ondoîments, imperceptiblement ; et les chairs, tout lucides, sont rondes ; des rondeurs, comme des virginités, ténues ; les bras arrondis, la poitrine mouvante, et ton cou, ta mince taille, tes hautes hanches s’arrondissent, en des contours immarqués, suprême grâce des chairs délicatement amollies et des formes effacées fuyeusement ; cependant que repose la juvénile face, et que des lèvres entrefermées monte un souffle… Véritablement dort-elle, la douce fille ? elle dort, certes, l’enfant ; elle s’est endormie, et d’un très amical sommeil oh voilà qu’elle dort ; voilà qu’elle repose, oublieuse, mon amie, et qu’ainsi, fille, enfant, elle dort ; entre mes bras pieux. Les bougies sur la cheminée brûlent ;