Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
ASCANIO.

porte que Colombe abandonna son aiguille, laissa tomber ses bras aux deux côtés de sa chaise en renversant sa tête en arrière, poussa un long soupir, dans lequel se combinait par un de ces inexplicables mystères du cœur le regret de voir Ascanio s’éloigner avec un certain bien-être de ne plus le sentir là.

Quant au jeune homme, il était franchement de mauvaise humeur : de mauvaise humeur contre Benvenuto, qui lui avait donné une si singulière commission ; de mauvaise humeur contre lui-même, de n’avoir pas mieux su en profiter, et de mauvaise humeur surtout contre dame Perrine, qui avait eu le tort de le faire sortir juste au moment où il lui semblait que les yeux de Colombe lui disaient de rester.

Aussi lorsque la duègne se trouvant tête à tête avec lui s’informa du but de sa visite, Ascanio lui répondit-il d’une façon fort délibérée, décidé qu’il était à se venger sur elle de sa propre maladresse :

— Le but de ma visite, ma chère dame, est de vous prier de me montrer l’hôtel de Nesle, et cela d’un bout à l’autre.

— Vous montrer l’hôtel de Nesle ! s’écria dame Perrine ; et pourquoi donc faire voulez-vous le visiter ?

— Pour voir s’il est à notre convenance, si nous y serons bien, et si cela vaut la peine que nous nous dérangions pour venir l’habiter.

— Comment, pour venir l’habiter ! Vous l’avez donc loué à M. le prévôt ?

— Non, mais Sa Majesté nous le donne.

— Sa Majesté vous le donne ! s’exclama dame Perrine de plus en plus étonnée.