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ASCANIO.

— En toute propriété, répondit Ascanio.

— À vous ?

— Non, pas tout à fait, ma bonne dame, mais à mon maître.

— Et quel est votre maître, sans indiscrétion, jeune homme ? quelque grand seigneur étranger sans doute ?

— Mieux que cela, dame Perrine, — un grand artiste venu tout exprès de Florence pour servir Sa Majesté Très Chrétienne.

— Ah ! ah ! dit la bonne dame, qui ne comprenait pas très bien ; et que fait-il, votre maître ?

— Ce qu’il fait ? il fait tout : des bagues pour mettre au doigt des jeunes filles ; des aiguières pour placer sur la table des rois ; des statues pour mettre dans les temples des dieux ; puis, dans ses momens perdus, il assiège ou défend les villes, selon que c’est son caprice de faire trembler un empereur ou de rassurer un pape.

— Jésus-Dieu ! s’écria dame Perrine ; et comment s’appelle votre maître ?

— Il s’appelle Benvenuto Cellini.

— C’est drôle, je ne connais pas ce nom-là, murmura la bonne dame ; et qu’est-il de son état ?

— Il est orfèvre.

Dame Perrine regarda Ascanio avec de grands yeux étonnés.

— Orfèvre ! murmura-t-elle, orfèvre ! et vous croyez que messire le prévôt cédera comme cela son palais à… un… orfèvre !

— S’il ne le cède pas, nous le lui prendrons.

— De force ?

— Très bien.