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ASCANIO.

Et en effet, maintenant qu’Ascanio savait qu’il devait revenir par le Petit-Nesle, il avait toute hâte d’en finir avec le Grand. Or, comme de son côté dame Perrine avait toujours une sourde crainte d’être surprise par le prévôt au moment où elle y pensait le moins, elle ne voulut point mettre Ascanio en retard, et détachant un trousseau de clefs pendu derrière une porte, elle marcha devant lui.

Jetons donc avec Ascanio un regard sur l’hôtel de Nesle, où vont se passer désormais les principales scènes de l’histoire que nous racontons.

L’hôtel, ou plutôt le séjour de Nesle, comme on l’appelait plus communément alors, occupait sur la rive gauche de la Seine, ainsi que nos lecteurs le savent déjà, l’emplacement où s’éleva ensuite l’hôtel de Nevers, et où l’on a bâti depuis la Monnaie et l’Institut. Il terminait Paris au sud ouest, car au-delà de ses murailles on ne voyait plus que le fossé de la ville et les verdoyantes pelouses du Pré-aux-Clercs. C’était Amaury, seigneur de Nesle en Picardie, qui l’avait fait construire vers la fin du huitième siècle. Philippe-le-Bel le lui acheta en 1308, et en fit dès lors son château royal. En 1520, la tour de Nesle, de sanglante et luxurieuse mémoire, en avait été séparée pour former le quai, le pont sur le fossé et la porte de Nesle, de sorte que la sombre tour était restée sur la rive du fleuve isolée et morne comme une pécheresse qui fait pénitence.

Mais le séjour de Nesle était heureusement assez vaste pour que cette suppression n’y parût pas. L’hôtel était grand comme un village : une haute muraille, percée d’un large porche ogive et d’une petite porte de service, le défendait du côté du quai. On entrait d’abord dans une vaste cour tout entourée de murs ; cette seconde muraille qua-