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ASCANIO.

drangulaire avait une porte à gauche et une porte au fond. Si l’on entrait, comme Ascanio venait de le faire, par la porte à gauche, on trouvait un charmant petit édifice dans le style gothique du quatorzième siècle : c’était le Petit-Nesle, qui avait au midi son jardin séparé. Si l’on passait au contraire par la porte du fond, on voyait à main droite le Grand-Nesle tout de pierres et flanqué de deux tourelles, avec ses toits aigus bordés de balustrades, sa façade anguleuse, ses hautes fenêtres, ses vitres coloriées et ses vingt girouettes criant au vent : il y avait là de quoi loger trois banquiers d’aujourd’hui.

Puis, si vous alliez toujours en avant, vous vous perdiez dans toutes sortes de jardins, et vous trouviez dans les jardins un jeu de paume, un jeu de bague, une fonderie, un arsenal ; après quoi venaient les basses-cours, les bergeries, les étables et les écuries : il y avait là de quoi loger trois fermiers de nos jours.

Le tout, il faut le dire, était fort négligé, et partant en très mauvais état, Raimbault et ses deux aides suffisant à peine pour entretenir le jardin du Petit-Nesle, où Colombe cultivait des fleurs, et où dame Perrine plantait des choux. Mais le tout était vaste, bien éclairé, solidement bâti, et avec quelque peu de soin et de dépense, on en pouvait faire le plus magnifique atelier qui fût au monde.

Puis la chose eut-elle été infiniment moins convenable, qu’Ascanio n’en eût pas moins été ravi, le principal pour lui étant surtout de se rapprocher de Colombe.

Au reste, la visite fut courte : en un tour de main, l’agile jeune homme eut tout vu, tout parcouru, tout apprécié. Ce que voyant dame Perrine, qui avait essayé vainement de le suivre, elle lui avait donné tout bonnement le