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ASCANIO.

surtout maître Benvenuto Cellini qui sera chargé de faire exécuter ses volontés.

Sur ce, messire Nicolas de Neufville avait fait trêve à ses observations philanthropiques, puis il avait prétexté toute sorte de formalités à remplir avant de délivrer l’acte ; mais Benvenuto s’était assis tranquillement, déclarant qu’il ne quitterait pas la place que l’acte ne lui fût délivré, et que, s’il fallait coucher là, il était décidé et y coucherait, ayant prévu le cas et ayant eu le soin de prévenir chez lui qu’il ne rentrerait peut-être pas.

Ce que voyant messire Nicolas de Neufville, il en avait pris son parti, au risque de ce qui pouvait en arriver, et avait délivré à Benvenuto Cellini l’acte de donation, en prévenant toutefois messire Robert d’Estourville de ce qu’il venait d’être forcé de faire, moitié par la volonté du roi, moitié par la persistance de l’orfèvre.

Quant à Benvenuto Cellini, il était rentré chez lui sans rien dire à personne de ce qu’il venait de faire, avait enfermé sa donation dans l’armoire où il enfermait ses pierres précieuses, et s’était remis tranquillement à l’ouvrage.

Cette nouvelle, transmise au prévôt par le secrétaire des finances, prouvait à messire Robert que Benvenuto, comme le lui avait dit le vicomte de Marmagne, tenait à son projet de s’emparer de gré ou de force de l’hôtel de Nesle. Le prévôt se mit donc sur ses gardes, fit venir ses vingt-quatre sergens d’armes, plaça des sentinelles sur les murailles, et n’alla plus au Châtelet que lorsqu’il y était absolument lorcé par les devoirs de sa charge.

Les jours se passèrent cependant, et Cellini, tranquillement occupé de ses travaux commencés, ne risquait pas la moindre attaque. Mais le prévôt était convaincu que cette