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ASCANIO.

— Il sera le bien reçu.

— Cependant… continua en hésitant le secrétaire des finances.

— Eh bien ! qu’y a-t-il encore ? Voyons.

— Cependant, si vous me permettiez de vous donner un bon conseil…

— Un bon conseil ! diable ! c’est chose rare, monsieur le secrétaire ; donnez, donnez.

— Eh bien ! ce serait de chercher pour votre atelier un autre emplacement que celui du Grand-Nesle.

— Vraiment ! répondit Benvenito d’un air goguenard, vous croyez que celui-là n’est point convenable ?

— Si fait ! et la vérité m’oblige même à dire que vous auriez grand’peine à en trouver un meilleur.

— Eh bien ! alors qu’y a-t-il ?

— C’est que celui-là appartient à un trop haut personnage pour que vous vous frottiez impunément à lui.

— J’appartiens moi-même au noble roi de France, répondit Cellini, et je ne reculerai jamais tant que j’agirai en son nom.

— Oui, mais dans notre pays, maître Benvenuto, tout seigneur est roi chez lui, et eu essayant de chasser le prévôt de la maison qu’il occupe, vous courez risque de la vie.

— Tôt ou tard il faut mourir, répondit sentencieusement Cellini.

— Ainsi, vous êtes décidé…

— À tuer le diable avant que le diable me tue. Rapportez-vous-en à moi pour cela, seigneur secrétaire. Donc, que M. le prévôt se tienne bien, ainsi que tous ceux qui tenteront de s’opposer aux volontés du roi, quand ce sera