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ASCANIO.

Cependant toute la semaine s’étant écoulée dans les différentes émotions que nous avons dites, et Benvenuto Cellini ayant consciencieusement travaillé pendant les sept jours qui la composent, et presque achevé le modèle en terre de son Jupiter, passa le samedi, vers les cinq heures du soir, sa cotte de mailles, boulonna son pourpoint par dessus, et ayant dit à Ascanio de l’accompagner, s’achemina vers l’hôtel de Nesle. Arrivé au pied des murailles, Cellini fit le tour de là place, examinant les côtés faibles et ruminant un plan de siège.

L’attaque devait offrir plus d’une difficulté, ainsi que l’avait dit le prévôt à son ami de Marmagne, ainsi que l’avait attesté Ascanio à son maître, ainsi enfin que Benvenuto pouvait le voir par lui-même. Le château de Nesle avait créneaux et mâchicoulis, double mur du côté de la grève, et de plus les fossés et les remparts de la ville du côté du Pré-aux-Clercs ; c’était bien une de ces solides et imposantes maisons féodales qui pouvaient parfaitement se défendre par leur seule masse, pourvu que les portes en fussent solidement fermées, et repousser sans secours du dehors les tirelaines et les larroneurs, comme on les appelait à cette époque, et de plus, au besoin, les gens du roi. Au reste, il en était ainsi dans cette amusante époque, où l’on était le plus souvent forcé de se servir à soi-même de police et de guet.

Sa reconnaissance achevée, selon toutes les règles de la stratégie antique et moderne, pensant qu’il fallait sommer la place de se rendre avant de mettre le siège devant elle, il alla frapper à la petite porte de l’hôtel par laquelle déjà une fois Ascanio était entré. Pour lui comme pour Ascanio le vasistas s’ouvrit ; mais cette fois, au lieu du pacifique