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ASCANIO.

— Au bout du monde, cher ami, au bout du monde. Seulement je ne serais pas fâché d’avoir une arme quelconque, quelque chose comme un bout d’épée ou un soupçon de poignard, quatre ou cinq pouces de fer à fourrer quelque part si l’occasion s’en présente.

— Eh bien ! dit Ascanio, prenez l’épée de Pagolo, qui ne peut plus s’en servir, attendu qu’il se tient le talon de la main droite et qu’il fait le signe de la croix de la main gauche.

— Et voici, pour compléter votre armement, mon propre poignard, dit Cellini. Frappez avec, jeune homme, mais ne l’oubliez pas dans la blessure, vous feriez un trop beau cadeau au blessé, attendu qu’il est ciselé par moi et que la poignée vaut cent écus d’or comme un liard.

— Et la lame ? dit Jacques Aubry. La poignée a son prix sans doute, mais en pareille circonstance c’est la lame que j’estime.

— La lame n’a pas de prix, répondit Benvenuto : c’est celle avec laquelle j’ai tué l’assassin de mon frère.

— Vivat ! cria l’écolier. Allons, Ascanio, en route.

— Me voilà, dit Ascanio en roulant cinq ou six brasses de corde autour de son corps et en mettant une des échelles sur son épaule, me voilà.

Et les deux aventureux jeunes gens descendirent le quai pendant cent pas à peu près, tournèrent à gauche et disparurent à l’angle de la muraille du Grand-Nesle, derrière les fossés de la ville.

Laissons Ascanio tenter son projet, et suivons Cellini dan l’accomplissement du sien.

Ce qu’il regardait à gauche, c’est-à-dire du côté de la ville, tandis qu’Ascanio, comme nous l’avons dit, regardait