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ASCANIO.

à droite, c’est-à-dire du côté des champs, c’étaient, au milieu d’un groupe de populaire qui se tenait à distance, deux femmes qu’il croyait reconnaître pour la fille du prévôt et pour sa gouvernante.

En effet, c’étaient Colombe et dame Perrine qui, la messe achevée, revenaient pour rentrer au Petit-Nesle, et qui, effrayées de ce qu’on leur disait sur le siège de l’hôtel, et de ce qu’elles voyaient de leurs propres yeux, s’étaient arrêtées tremblantes au milieu de la foule.

Mais à peine Colombe se fut-elle aperçue qu’il existait entre les combattans une espèce de trêve momentanée qui lui laissait le passage libre, que, malgré les prières de dame Perrine qui la suppliait de ne pas s’aventurer dans cette bagarre, Colombe, mue par l’inquiétude que lui inspirait le danger de son père, s’avança résolument vers l’hôtel, laissant à dame Perrine liberté entière de la suivre ou de demeurer où elle était ; mais comme au fond du cœur dame Perrine aimait tendrement Colombe, la duègne, quelle que fût sa crainte, se résolut à l’accompagner.

Toutes les deux quittaient le groupe comme Ascanio et Jacques Aubry tournaient l’angle de la muraille.

Maintenant on comprend le projet de Benvenuto Cellini.

À peine eut-il vu les deux femmes s’avancer vers l’hôtel du prévôt, que lui-même s’avança au-devant d’elles, et offrant galamment le bras à Colombe :

— Madame, ne craignez rien, dit-il, et si voulez accepter mon bras, je vais vous ramener près de votre père. Colombe hésitait, mais dame Perrine, saisissant le bras qui se trouvait de son côté et que Benvenufo avait oublié de lui offrir.

— Prenez, chère petite, prenez, dit-elle, et acceptons la