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ASCANIO.

Après quoi messire d’Estourville rentra dans le Petit-Nesle, car il avait hâte de gronder la pauvre Colombe sur sa sortie imprudente. Colombe baissa la tête et lui laissa tout dire sans entendre un seul mot de ses gronderies, car pendant tout le temps qu’elles durèrent, la jeune fille n’était préoccupée que d’un seul désir, celui de demander à son père des nouvelles d’Ascanio. Mais elle eut beau faire, le nom du beau blessé ne put, quelques efforts qu’elle fît, sortir de ses lèvres.

Pendant que ces choses se passaient d’un côté du mur, de l’autre côté Catherine, qu’on était allée chercher, faisait son entrée au Grand-Nesle, et avec sa folie charmante se jetait dans les bras de Cellini, serrait la main d’Ascanio, félicitait Hermann, se moquait de Pagolo, riait, pleurait, chantait, interrogeait, tout cela ensemble ; c’est qu’aussi elle avait eu de terribles angoisses, le bruit des arquebusades était venu jusqu’à elle et avait bien des fois interrompu les prières. Mais enfin, tout allait bien, tout le monde, sauf quatre tués et trois blessés, s’était tiré à peu près sain et sauf de la bataille, et la gaîté de Scozzone ne fit défaut ni aux vainqueurs ni à la victoire.

Quand le brouhaha qu’avait excité l’arrivée de Catherine fut un peu calmé, Ascanio se souvint du motif qui avait amené l’écolier si à temps pour qu’il leur donnât un coup de main, et se tournant vers Benvenuto :

— Maître, dit-il, voici mon camarade Jacques Aubry, avec lequel je devais faire aujourd’hui une partie de paume. De bonne foi, je ne suis guère en état d’être son partner, comme dit notre ami Hermann. Mais il nous a si vaillamment aidés, que j’ose vous prier de me remplacer.