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ASCANIO.

OU, bien entendu, avec vous, dame Ruperte, qui lui donnerez le bras. Frappez quatre coups, les trois premiers doucement et le dernier plus fort ; je saurai ce que cela signifie, et je viendrai vous ouvrir.

— Merci pour Ascanio et pour moi ; je ne manquerai pas de lui faire part de votre offre complaisante, et il ne manquera pas d’en profiter.

— Allons, je m’en réjouis, dame Ruperte.

— Au revoir, dame Perrine ! Ravie d’avoir fait connaissance avec une aussi aimable personne.

— Je vous en offre autant, dame Ruperte.

Les deux commères se firent une profonde révérence et se séparèrent enchantées l’une de l’autre.

Les jardins du Séjour de Nesle étaient en effet, comme elle l’avait dit, aride et brûlés comme une bruyère d’un côté, frais et ombreux comme une forêt de l’autre. L’avarice du prévôt avait laissé inculte le jardin du Grand-Nesle, qui eût trop coûté à entretenir, et il n’était pas assez sûr de ses titres de propriétaire pour renouveler au profit de son successeur peut-être les arbres qu’il s’était hâté de couper à son entrée en jouissance. La présence de sa fille au Petit-Nesle l’avait engagé à y laisser les ombrages et les bosquets, seule récréation qui dût rester à la pauvre enfant. Raimbault et ses deux aides suffisaient à entretenir et même à embellir le jardin de Colombe.

Il était fort bien planté et divisé. Au fond le potager, royaume de dame Perrine ; puis, le long des murs du Grand-Nesle, le parterre où Colombe cultivait des fleurs, et que dame Perrine nommait l’allée du Matin, parce que les rayons du soleil levant y donnaient, et que c’était au soleil levant d’ordinaire que Colombe arrosait ses marguerites et