Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
ASCANIO.

Ascanio voulut parler, mais il ne put que joindre les mains avec effusion ; ses genoux fléchissaient sous lui.

— Merci, ma belle dame, dit Ruperte avec une profonde révérence. Allons, Ascanio, vous êtes faible encore, il est temps de rentrer. Donnez moi le bras et partons.

L’apprenti trouva à peine la force de dire adieu et merci, mais il suppléa aux paroles par un regard où il mit toute son âme, et suivit docilement la servante, le cœur inondé de joie.

Colombe retomba toute pensive sur le banc, et pénétrée d’une ivresse qu’elle se reprochait et à laquelle elle n’était pas habituée.

— À demain ! dit d’un air de triomphe, en quittant ses hôtes, dame Perrine qui les avait reconduits ; et vous pourrez bien, si vous voulez, jeune homme, revenir comme cela tous les jours pendant trois mois.

— Et pourquoi pendant trois mois seulement ? demanda Ascanio qui avait rêvé d’y revenir toujours.

— Dame ! répondit Perrine, parce que dans trois mois Colombe se marie avec le comte d’Orbec.

Ascanio eut besoin de toute l’énergie de sa volonté pour ne pas tomber.

— Colombe se marie aves le comte d’Orbec ! murmura Ascanio. Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! je m’étais donc trompé ! Colombe ne m’aime pas !

Mais comme en ce moment dame Perrine refermait la porte derrière lui, et que dame Ruperte marchait devant, ni l’une ni l’autre ne l’entendirent.