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ASCANIO.

l’Empire, il laissa Annebaut pour garder Turin, et rappela Brion avec ordre de conserver purement et simplement les frontières.

Tous ceux qui connaissaient le caractère chevaleresque et entreprenant de François Ier ne comprirent rien à cette retraite, et pensèrent que du moment où il faisait un pas en arrière il se considérait d’avance comme battu. Cette croyance exalta davantage encore l’orgueil de Charles-Quint ; il se mit de sa personne à la tête de son armée et résolut d’envahir la France en pénétrant par le Midi.

On connaît les résultats de cette tentative : Marseille, qui avait résisté au connétable de Bourbon et à Pescaire, les deux plus grands hommes de guerre du temps, n’eut point de peine à résister à Charles-Quint, grand politique, mais médiocre général. Charles-Quint ne s’en inquiéta point, laissa Marseille derrière lui, et voulut marcher sur Avignon ; mais Montmorency avait établi entre la Durance et le Rhône un camp inexpugnable contre lequel Charles-Quint s’acharna vainement. De sorte que Charles-Quint, après six semaines de tentatives inutiles, repoussé en tête, harcelé sur les flancs, menacé d’être coupé sur ses derrières, ordonna à son tour une retraite qui ressemblait fort à une déroute, et après avoir manqué de tomber entre les mains de son ennemi, parvint à grand’peine à gagner Barcelone, où il arriva sans hommes et sans argent.

Alors, tous ceux qui avaient attendu l’issue de l’affaire pour se déclarer se déclarèrent contre Charles-Quint. Henri VIII répudia sa femme, Catherine d’Aragon, pour épouser sa maîtresse, Anne de Boleyn. Soliman attaqua le royaume de Naples et la Hongrie. Les princes protestans d’Allemagne firent une ligue secrète contre l’empereur.