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ASCANIO.

Enfin les habitans de Gand, lassés des impôts qu’on ne cessait de mettre sur eux pour subvenir aux frais de la guerre contre la France, se révoltèrent tout à coup et envoyèrent à François Ier des ambassadeurs pour lui offrir de se mettre à leur tête.

Mais, au milieu de ce bouleversement universel qui menaçait la fortune de Charles-Quint, de nouvelles négociations s’étaient renouées entre lui et François Ier. Les deux souverains s’étaient abouchés à Aigues-Mortes, et François Ier, décidé à une paix dont il sentait que la France avait le plus grand besoin, était résolu à tout attendre désormais, non pas d’une lutte à main armée, mais de négociations amicales.

Il fit donc prévenir Charles-Quint de ce que lui proposaient les Gantois, en lui offrant en même temps un passage à travers la France pour se rendre en Flandre.

C’était à ce sujet que le conseil était assemblé au moment où Benvenuto était venu frapper à la porte, et, fidèle à sa promesse, François Ier, prévenu de la présence de son grand orfèvre, avait ordonné qu’il fût introduit. Benvenuto put donc entendre la fin de la discussion.

— Oui, messieurs, disait François Ier, oui, je suis de l’avis de M. de Montmorency, et mon rêve, à moi, c’est de conclure une alliance durable avec l’empereur élu, d’élever nos deux trônes au-dessus de toute la chrétienté, et de faire disparaître devant nous toutes ces corporations, toutes ces communes, toutes ces assemblées populaires qui prétendent imposer des limites à notre puissance royale en nous refusant tantôt les bras, tantôt l’argent de nos sujets. Mon rêve est de faire rentrer dans le sein de la religion et dans l’unité pontificale toutes les hérésies qui désolent