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ASCANIO.

replaça la statue de son Jupiter sous son manteau, et sortit de la salle du conseil le cœur plein d’orgueil et de joie.

En sortant du Louvre il rencontra le Primatice qui allait y entrer.

— Où courez-vous donc si joyeux, mon cher Benvenuto ? dit le Primatice à Cellini, qui passait sans le voir.

— Ah ! c’est vous, Francesco ! s’écria Cellini. Oui, vous avez raison, je suis joyeux, car je viens de voir notre grand, notre sublime, notre divin François Ier

— Et avez-vous vu madame d’Étampes ? demanda le Primatice.

— Qui m’a dit des choses, voyez-vous, Francesco, que je n’ose répéter, quoiqu’on prétende que la modestie n’est pas mon fort.

— Mais que vous a dit madame d’Étampes ?

— Il m’a appelé son ami, comprenez-vous, Francesco ? il m’a tutoyé comme il tutoie ses maréchaux. Enfin il m’a dit que quand mon Jupiter serait fini, je pourrais lui demander telle faveur qui me conviendrait, et que cette faveur m’était d’avance accordée.

— Mais que vous a promis madame d’Étampes ?

— Quel homme étrange vous faites, Francesco !

— Pourquoi cela ?

— Vous ne me parlez que de madame d’Étampes quand je ne vous parle que du roi.

— C’est que je connais mieux la cour que vous, Benvenuto ; c’est que vous êtes mon compatriote et mon ami ; c’est que vous m’avez rapporté un peu de l’air de notre belle Italie, et que dans ma reconnaissance je veux vous sauver d’un grand danger. Écoutez, Benvenuto la duchesse d’Étampes est votre ennemie, votre ennemie mortelle ; je