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ASCANIO.

François Ier le regarda un moment avec un sentiment d’admiration sur l’expression duquel il n’y avait point à se tromper.

— Enfin ! s’écria-t-il, j’ai donc trouvé un homme selon mon cœur ; puis, frappant sur l’épaule de Benvenuto : Mon ami, continua-t-il, je ne sais lequel éprouve le plus de bonheur du prince qui trouve un artiste qui va au-devant de toutes ses idées, un artiste tel que vous enfin, ou de l’artiste qui rencontre un prince capable de le comprendre. Je crois que mon plaisir est plus grand, à vrai dire.

— Oh ! non, permettez, sire, s’écria Cellini ; c’est à coup sûr le mien.

— C’est le mien, allez, Benvenuto.

— Je n’ose résister à Votre Majesté ; cependant…

— Allons, disons donc que nos joies se valent, mon ami.

— Sire, vous m’avez appelé votre ami, dit Benvenuto, voilà un mot qui me paie au centuple de sa valeur tout ce que j’ai déjà fait pour Votre Majesté et tout ce que je puis encore faire pour elle.

— Eh bien ! je veux te prouver que ce n’est point une vaine parole qui m’est échappée, Benvenuto, et que si je t’ai appelé mon ami, c’est que tu l’es réellement. Apporte-moi mon Jupiter, achève-le le plus tôt possible, et ce que tu me demanderas en me l’apportant, foi de gentilhomme ! si la main d’un roi peut y atteindre, tu l’auras. Entendez-vous, messieurs ? et si j’oubliais ma promesse, faites-m’en souvenir.

— Sire, s’écria Benvenuto, vous êtes un grand et noble roi, et je suis honteux de pouvoir si peu pour vous, qui faites tant pour moi.

Puis ayant baisé la main que le roi lui tendait, Cellini