Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
ASCANIO.

rien dire ; mais il n’avait rien pris le matin, et, bien qu’il refusât d’en convenir, il sentait ses forces l’abandonner. Benvenuto ne put rester assis et se mit à marcher à grands pas en long et en large.

Un quart d’heure s’écoula.

— Tu souffres, mon enfant ? dit Cellini à Ascanio.

— Non, vraiment, maître ; c’est vous qui souffrez, plutôt. Prenez donc patience, je vous en supplie, on ne peut tarder maintenant.

En ce moment, Isabeau passa de nouveau.

— Votre maîtresse tarde bien, dit Benvenuto.

La malicieuse fille alla à la fenêtre et regarda l’horloge de la cour.

— Mais il n’y a encore qu’une heure et demie que vous attendez, fit-elle ; de quoi donc vous plaignez-vous ?

Et comme Cellini fronçait le sourcil, elle s’enfuit en partant d’un éclat de rire.

Benvenuto, par un effort violent, se contraignit encore. Seulement, il fut obligé de se rasseoir, et les bras croisés resta là muet et grave. Il paraissait calme ; mais sa colère fermentait en silence. Deux domestiques immobiles devant la porte le regardaient avec un sérieux qui lui semblait railleur.

Le quart sonna ; Benvenuto jeta les yeux sur Ascanio et le vit plus pâle que jamais et tout prêt à s’évanouir.

— Ah çà ! s’écria-t-il en n’y tenant plus, elle le fait donc exprès, à la fin ! J’ai bien voulu croire à ce qu’on me disait et attendre par complaisance ; mais si c’est une insulte qu’on veut me faire, et j’y suis si peu accoutumé que l’idée ne m’en était pas même venue ; si c’est une insulte, je ne